Histoire de Blosseville-sur-Mer
Cette page « histoire de Blosseville-sur-Mer » a pour objectif d’offrir un menu qui liste chronologiquement des informations relatives aux personnes et aux évènements, en fournissant les liens vers les articles spécifiques du site.
Les yeux d’aujourd’hui admirent les vitraux de l’église, s’étonnent de son architecture asymétrique, lisent des noms sur les monuments, sur les pancartes des rues ou chemins, et au gré de la déambulation, remarquent des habitats et des bâtiments dont la fonction aujourd’hui diffère souvent de celle d’antan.
Classement des articles par chronologie
L’intention des articles historiques est de tisser des liens entre ce visible d’aujourd’hui et le passé. L’ information est inscrite dans des manuscrits précieusement conservés aux Archives départementales, nationales et anglaises.
Notre intention est de fournir les références permettant plus facilement à chacun d’y accéder et ainsi de partager la connaissance puisée à la source.
Cette page sera complétée régulièrement au fil de l’évolution du site, des recherches menées et de l’intérêt que chacun pourra exprimer de voir aborder un point particulier (personnage, évènement).
Le nom même de Blosseville a évolué au fil du temps sur les manuscrits (De Blossa Villa à Blosseville sur Mer) ou les cartes (Blosseville sur les cartes géographiques).
Un peu de méthode
L’organisation de cette page est faite de paragraphes dont le titre en couleur situe une grande période de l’histoire normande ou nationale au sein de laquelle se situe l’histoire locale décrite dans les articles signalés.
Les deux années qui suivent les noms de personnes sont celles de la naissance et du décès. Quand trois années sont proposées, l’année médiane est celle du début à la tête du Duché ou du royaume. Dans les articles spécifiques, sur les sujets les plus anciens, les dates peuvent ne renvoyer qu’aux documents présentés (ex chartes).
Le passé gallo-romain de Blosseville-sur-Mer
La documentation est principalement archéologique. Les articles de l’abbé Cochet et ses successeurs sont précieux en particulier pour les sites les plus proches de notre commune. Nous devrons lire les travaux les plus récents afin de mieux comprendre l’habitat et les voies de communication empruntées.
La Normandie des premiers ducs : de Rollon à Robert le Magnifique
Rappelons qu’au début de cette histoire, les patronymes n’étaient pas fixés, le toponyme (lieu de résidence, du fief, de la charge pour le clergé) était accolé au prénom : ainsi pour une même personne son « patronyme » pouvait varier au fil du temps et plus encore, être distinct de part et d’autre de la mer séparant la France de l’Angleterre…
« dun moyne de fescamp qui donna une busse a rober duc de normandie ». Une nuit, le duc, entré dans l’église de l’abbaye pour prier, se fait battre par le sacristain qui ne l’a pas reconnu, le lendemain le duc le récompense pour avoir accompli son devoir.
in Les Fleurs des chroniques par Bernard Gui (126?-1331). Enlumineur : maître du Policratique de Charles V. Fabrication (1384-1399) à Paris. Besançon. B. Municipale, Ms. 677 folio 062. via Portail Biblissima.
Guillaume (1027-1087) le Bâtard, le Conquérant, Duc de Normandie et roi d’Angleterre
Roger de Blosseville et la Reine Mathilde en 1075
Le recensement (Domesday book) effectué en Angleterre (1086) sous l’autorité du roi Guillaume atteste d’un Gilbert de Blosseville. Gilbert de Blosseville (1086) dans le sillage du Conquérant
Le temps des héritiers : Robert Courteheuse (1052-1134), Guillaume II le Roux (1060-1100), Henri I er Beauclerc (1068-1135)
A la mort de Guillaume le 9 septembre 1087, la répartition entre ses trois fils fut rapidement source de conflits : le duché de Normandie à Robert Courteheuse ; le royaume d’Angleterre à Guillaume II le Roux ; de l’argent sans terre à Henri 1er Beauclerc. Après la mort accidentelle de Guillaume le Roux le 2 Aout 1100, Henri 1er Beauclerc s’octroya le royaume d’Angleterre. Henri Beauclerc, après avoir vaincu son frère Robert à la bataille de Tinchebray (1106) l’incarcéra définitivement pour rester seul à gouverner l’ensemble anglo-normand jusqu’en 1135.
Etienne, comte d’Aumale (1070<-1127) et son fils Guillaume le Gros (1110-1179) : Etienne d’Aumale, son fils Guillaume et la dîme de Blosseville : 1115-1179
Etienne comte d’Aumale avait pour mère Adélaïde de Normandie, demi-soeur de Guillaume le Conquérant, et Eudes de Champagne était son père. Etienne modifia ses soutiens à plusieurs reprises. Dans le conflit initial opposant Robert Courteheuse, duc de Normandie et Guillaume II le Roux, roi d’Angleterre, Etienne changea de camp et partit en croisade avec Robert Courteheuse en 1096. Quand Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre débarqua en Normandie, il se rangea à ses côtés pour affronter Robert mais en 1118, il fut un des barons rebelles qui prétendirent porter sur le trône Guillaume Cliton fils de Robert Courteheuse. En 1119, face à l’armée d’Henri 1er, Etienne finit par se soumettre. Etienne d’Aumale mourut vers 1127. Son fils ainé, Guillaume le Gros (1110-1179), lui succéda : il fut un des barons les plus importants pendant la période agitée du règne d’Etienne de Blois, roi d’Angleterre de 1135 à 1154.
Adzor, vicomte de Blosseville, Hadvise son épouse et leur descendance : article en préparation
Geoffroi alias Gauffribus de Blosseville (1106-1108)
Guillaume de Blosseville (1109) : article en préparation
Des chartes assurent d’un Jordan de Blosseville en 1114 en Angleterre.
Du roi Etienne en 1135 à Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre et Duc de Normandie de 1154 à 1189
En 1120, le naufrage de la Blanche Nef ayant emporté son fils, Henri 1er Beauclerc prépara sa fille Mathilde dite l’Impératrice à lui succéder : veuve de l’empereur du St Empire, elle fut mariée en 1128 à Geoffroy Plantagenêt, comte d’Anjou. En réalité, à la mort d’Henri Beauclerc en 1135, la couronne de roi d’Angleterre fut posée le 22 décembre sur la tête d’Etienne de Blois. Ce couronnement fut source de guerre civile de chaque côté de la Manche jusqu’en 1141. Geoffroy Plantagenêt entreprit de conquérir le duché de Normandie avec comme point final la prise de Rouen en 1144. Six ans plus tard, Geoffroy Plantagenêt céda le duché à son jeune fils Henri II. Etienne, roi d’Angleterre, dut se résoudre à le considérer comme son héritier et successeur. La mort d’Etienne survint en Octobre, Henri II Plantagenêt fut couronné roi d’Angleterre le 19 décembre 1154. Il était duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine et par son union, deux ans auparavant, avec Aliénor, la grande Aquitaine était également sous sa coupe. Henri II, gouvernant ce territoire fort étendu du royaume de France, fut donc le vassal de Louis VII jusqu’en 1180, puis celui de Philippe II Auguste. Henri II Plantagenêt à sa mort en 1189 laissa deux fils, Richard coeur de Lion, roi d’Angleterre de 1189 à 1199 puis Jean sans Terre de 1199 à 1216.
Un personnage, Richard de Blosseville, qui doit son nom à notre lieu, est connu à la fois comme abbé et diplomate de premier plan.
Richard de Blosseville (1130-1180), abbé du Valasse et de Mortemer
Richard de Blosseville et le drame Thomas Becket : comment l’abbé du Valasse fut un des émissaires représentant Mathilde l’impératrice en 1165 auprès du pape. En 1171, Richard était à tête d’une délégation pour éviter l’excommunication à Henri II Plantagenêt.
Des seigneurs du lieu sont connus par des chartes détaillant soit leurs dons, soit les raisons d’un conflit…
Geoffroi Ridel (1140-1195), vicomte de Blosseville
Roger de Blosseville donateur (1155-1189) au monastère de Longueville
La Normandie royale
De l’annexion en 1204 par Philippe Auguste (1165-1180-1223), à Charles IV le Bel (1294-1322-1328) : le « siècle » de St Louis (1214-1226-1270)
1207 : Richard seigneur de St Denis d’Aclon donna aux Templiers une terre à Blosseville (dépendant du fief de St Denis d’Aclon). La Commanderie de Ste Vaubourg garda ces biens jusqu’en 1741 : article en préparation
En 1226 et 1228, le nommé Guillaume de Blosseville donna annuellement une quantité d’orge pour l’église d’Ouville sur une terre de Saint Pierre le Viger, Ses héritiers, Guillaume (1267) puis Rogier de Blosseville (1285), confirmèrent et augmentèrent la donation. Guillaume, vicomte de Blosseville (1226-1228) et les siens.
Guillaume et son fils Guillaume étaient les patrons de l’église d’Iclon.
En 1240, la paroisse de Blosseville comprenait 100 chefs de maison.
Guillaume Mauconduit (1313-1348) est vicomte de Blosseville dans la première moitié du XIV ème : plusieurs actes témoignent de ses différends avec l’archevêque de Rouen pour le patronage de l’église St Martin de Blosseville.
Philippe VI de Valois (1293 -1328-1350) à Charles VII (1403-1422-1461)
La guerre de cent ans (1337-1450), guerre anglo-française en Normandie
Le passé commun avec les anglais et la proximité géographique expliquent la place particulière de la Normandie pendant la guerre de cent ans. La première période (1337-1380) fut marquée par des incursions anglaises dévastatrices.
Les terres pouvaient garder pendant plusieurs générations le nom du seigneur à qui elles avaient été octroyées. Un exemple fut le fief intitulé « Porquet de Houdetot à Blosseville ».
Guy de Houdetot dit Porquet (1352-1386) et son fief de Blosseville ou comment la notoriété d’un fief peut survivre longtemps à un individu qui fut trainé sur une claie d’infamie…
Guillaume de St Maard (1355-1410), est le premier de cinq générations De St Maard à Blosseville : ils tiennent leur nom du fief de Saint-Mards (au sud de Bacqueville en Caux) : comment ce nom finit par s’imposer aux descendants des Ridel ou Mauconduit est une histoire en elle-même…en cours de rédaction.
La seconde période de la guerre de cent ans en normandie de 1415 à 1450, fut une période d’occupation. Le traité de Troyes, le 21 mai 1420, en présence du roi de France Charles VI et du duc de Bourgogne Philippe le Bon scella la victoire du roi d’Angleterre Henri V. A son décès en 1422, son héritier Henri VI (1422-1471) étant âgé d’un an, c’est son frère, Jean de Lancastre, Duc de Bedford (1389-1435) qui prit le titre de régent de France et de Normandie.
La vie de Pierre de St Maard, le vicomte de Blosseville, fut entièrement inscrite dans cette période de la Normandie anglaise : il prit le « parti des anglais »… Pierre de St Maard (1397-1449), sous domination anglaise…et en paya les conséquences…
Rouen fut délivrée des anglais le 22 Octobre 1449. Le duc de Somerset qui avait replié son gouvernement sur Caen capitula le 1er août 1450 et la dernière place anglaise, Cherbourg ne résista pas à un bombardement d’artillerie et ouvrit ses portes le 12 août : la Normandie redevint française.
Louis XI (1423-1461-1483), Charles VIII (1470-1483-1498) à Louis XII (1462-1498-1515)
Jean I de St Maard
La personnalité de Jehan I de St-Maard mérite d’être soulignée pour deux raisons :
Jean I de St Maard (1436-1485), fidèle de Louis XI
Jean de St Maard (1436-1485) occupa des fonctions notables : député des nobles du baillage de Caux et surtout capitaine des nobles de l’arrière ban de Normandie : cette carrière militaire au service de Louis XI explique probablement qu’il devint conseiller et maître d’hôtel du roi, maître particulier des Eaux et Forêts de Normandie et Picardie ; les services rendus amenèrent Louis XI à ériger en haute justice la vicomté de Blosseville qui incorporait ainsi la Sergenterie du Val de Dun s’étendant sur plus d’une vingtaine de paroisses.
Jean I de St Maard, le vicomte historien de Blosseville
Jean I de St Maard a rédigé entre 1472 et 1481 un manuscrit de 54 feuillets. Avec son enquêteur Nicole Pintel, aumônier de Fécamp, ils ont collecté, lu et transcrit des manuscrits aujourd’hui disparus. Le legs de ce manuscrit aux générations futures est exceptionnel pour l’histoire des premiers siècles de la vicomté de Blosseville.
Jean I de St Maard de son premier mariage en 1458 avec Jeanne de Semilly eut une fille Loyse dont le destin fut tragique. D’un second mariage avec Anne de Béthune, est issu Jean II de St Maard (1475-1524).
François 1er (1494-1515-1547), Henri II (1519-1547-1559)
Jean II de St Maard eut une carrière militaire : on le trouve sous les ordres de l’amiral Graville en Picardie à Péronne en juillet 1496. Au premier trimestre 1517, il était « capitaine de la Coste », sur le terrain, pour superviser les premiers travaux de terrassement pour l’édification du futur Havre de Grâce ordonné par François 1er. De son union avec Anne du Quesnel, naquirent Guillaume et Marguerite.
Guillaume de St Maard (1503-1560) succéda à son père en 1525. Couvert de dettes, en parties héritées de son père, il dut vendre la vicomté signant la fin des de St Maard à Blosseville. La lignée va continuer, Guillaume, par son union avec Marguerite de Vault était père de cinq enfants. L’ainé Guillaume II (1528-1565) nous est connu grâce à des actes notariés de Vernon, car Jeanne de St Bossent « veuve de Guillaume de St Maard, lequel en son vivant, était vicomte de Blosseville en Caux » eut à signer des actes avec Jean Du Moucel de 1572 à 1583 (cf ci.dessous).
L’intermède Desmarets : des procédures imbriquées s’enchainèrent pour la vente de la vicomté. Guillaume de St Maard dans un premier temps impliqua son beau-frère Jean Desmarets, époux de Marguerite, tout autant insolvable que lui… Jean Desmarets fut ainsi transitoirement « un vicomte de Blosseville à crédit » (article en préparation); à sa mort en 1553, il laissait à son fils François une situation financière intenable. L’année suivante, François Desmarets, escuyer du cardinal de Bourbon, épousa Jeanne du Motet, dame d’Adrienne d’Estouteville, duchesse de Longueville. Le 17 mars 1561, accusé du « meurtre avec guet-apens sur la personne de Jehan le Mareschal...» sa tête fut tranchée à Rouen place du décapitole. article en préparation.
1547 : début des archives de l’état civil de Blosseville
Un tavernier à Blosseville sur la mer
Dans ces années du milieu du XVI ème, siècle, des contrats d’achat de vin en gros en 1549-1555, nous apprennent qu’à Blosseville sur la mer habitait un tavernier, Roger Bazire, son épouse se prénommait Jeanne et leur fils Thomas était né à Blosseville en 1548, le parrain se prénommait Thomas et était prêtre, la marraine Rogère, tous deux dénommés Bazire…A nous de trouver d’autres commerçants de l’époque !
François II (1544-1559-1560), Charles IX (1550-1560-1574), Henri III (1551-1574-1589)
Jean du Moucel : l’acheteur devenu vicomte
Il fallut attendre 1557 pour que la vente de la vicomté de Blosseville soit effective avec comme acheteur Jean Du Moucel, l’homme riche du moment, qui avait déjà commencé à racheter plusieurs terres (fiefs) aux précédents vicomtes…
Jean Du Moucel, vicomte de Blosseville de 1557 à 1597 était issu du côté paternel d’une famille de monnayeurs de Rouen. Le 19 juin 1566, dans le dénombrement de ses biens au roi Charles IX, il décline ses titres et possessions : « écuyer, seigneur du lieu et vicomte hérédital de Blosseville, conseiller du Roi, son notaire et secrétaire et contrôleur en l’audience en la Chancellerie de Rouen tient et avoue à tenir…en son duché et province de Normandie…la seigneurie et vicomté héréditale de Blosseville sergenterie du Val de Dun et fiefs du Mesnillet dit Pitié, Montmorency et Lintot tous fiefs unis et incorporés dans la dite seigneurerie et vicomté de Blosseville et tous ensemble faisant un seul corps de plein fief de haubert »
Henri IV (1553-1589-1610), Louis XIII (1601-1610-1643)
La succession de Jean du Moucel
Jean du Moucel avait additionné les acquisitions. Il était le père de trois filles de deux lits différents : sa succession en 1597 fut complexe. Anne l’ainée était veuve de Mr Claude de Croixmare, la seconde, Marie, était l’épouse de Guy de Pardieu, seigneur de Mézy. La vicomté de Blosseville revint à la dernière, Rachel, laquelle avait épousé Charles de Langouges, « écuyer seigneur de Flexanville, enseigne de cinquante hommes d’armes de la compagnie de sieur commandeur de Chaste vice amiral de France Lieutenant Général pour le Roy au baillage de Caux… ». Les historiens de Dieppe s’accordent pour juger qu’Aymar de Chaste eut le souci de combattre les conduites extrêmes qu’il s’agisse des Ligueurs catholiques ou des Religionnaires (partisans de la Réforme) : fidèle à Henri III, il reporta son dévouement au nouveau roi Henri IV.
De Rachel du Moucel à la lignée Bouchard
En 1606, Rachel était veuve et apporta la vicomté de Blosseville lors de son nouveau mariage avec Alexandre Bouchard. Depuis 1603, Alexandre Bouchard était veuf de Catherine du Val avec laquelle il avait eu quatre enfants. De sa descendance avec Rachel du Moucel vont suivre trois générations à la tête de la vicomté. C’est le couple dont les armes sont les plus représentées dans l’Eglise de Blosseville, peintes sur les vitraux ou sculptées.
Le conflit dit du guet de la mer opposa pendant quasiment trente ans le vicomte de Blosseville et l’Amirauté, laquelle ordonnait aux paroissiens de Blosseville de participer au guet de la côte alors que depuis Jean I de St Maard ils en étaient exemptés à cause de leur participation à la garde du château. Pendant toutes ces années, et notamment de 1622 à 1632, l’honorable André Diel, le capitaine dimier fut mandaté pour représenter les paroissiens pétitionnaires auprès du lieutenant de l’amirauté, avec le soutien de son vicomte : Alexandre Bouchard obtiendra gain de cause en 1632 par une ordonnance du cardinal Richelieu.
En 1634 Lanfranc Bouchard (1607-1654), succéda à son père. Il avait épousé Louise de Brétignières en 1633 et ils n’eurent pas de descendants.
Henri IV (1553-1589-1610), Louis XIII (1601-1610-1643)
A la mort de Lanfranc en 1654, son frère Nicolas (1608-1677) lui succéda. Il avait épousé Marguerite du Jardin en 1636 et leur descendance fut nombreuse.
Nicolas Bouchard est le seigneur de Blosseville dont Pierre Thomas du Fossé (1634-1698), dans ses Mémoires, évoque l’habileté à concocter des remèdes : sa visite sur place entre 1666 et 1671 est un témoignage du trajet entre Blosseville et la plage de Veules. Nicolas Bouchard décéda en 1677.
Son fils ainé Alexandre Bouchard (1639-1694) lui succéda. Il avait épousé en 1671 Elisabeth Suzanne Marie de Vauquelin (1650-1728). Un article présente ce couple et ses six enfants ; Nicolas, Madeleine, Marie, Catherine, Marie-Louise et Marguerite, dont trois justifient des articles spécifiques (ci-dessous).
Nicolas Bouchard (1673-1699), l’ainé eut un destin écourté, victime d’un coup d’épée. L’article relate à la fois l’histoire de la victime et celle du meurtrier, fils d’un des plus grands négociants du royaume.
Après une période transitoire pendant laquelle, les trois filles furent sous la tutelle de leur oncle Pierre, Madeleine Bouchard (1678-1725) fit un mariage prestigieux le 13 décembre 1703 avec Claude Bec de Lièvre (1672-1728), marquis de Quevilly qui deviendra président à mortier du parlement de Rouen.
On peut encore distinguer leurs armes sur la tour du clocher de l’église témoignant des travaux qu’ils financèrent.
Un épisode qui donna un « sujet de murmure et de scandale tant dans toute la dite paroisse que dans celles du voisiné » fut « l’interdit et défense d’inhumer aucune personne tant dans l’église du dit lieu que dans le cimetière d’icelle jusqu’à ce le tout fut bien et dûment clos pour qu’il n’y puisse entrer aucuns bestiaux » prononcé par l’archevêque au printemps 1713.
Le litige portait notamment sur une « porte empruntée par monsieur le chapelain du président de Quevilly…que le curé de Blosseville prétendait faire boucher...»
Ainsi, après qu’une inhumation dut se dérouler à Iclon et une autre à St Martin de Veules, les réparations du mur et de la porte étant constatées, plus de deux mois plus tard, cet interdit fut levé le 8 juin.
Au décès de Madeleine en 1725 les négociations s’engagèrent entre Claude Bec de Lièvre, veuf, sans descendant, et Marguerite, sa belle-soeur survivante d’une famille Bouchard sans héritier.
Louis XV (1710-1715-1774), Louis XVI (1754-1774-1792)
Marguerite Bouchard, la dernière héritière (1677- >1739), au terme d’une transaction avec son beau-frère, obtint de récupérer la vicomté et la sergenterie en 1725. Marguerite utilisa une part de sa fortune pour une fondation à l‘Hôpital Général de Rouen destinée à 2 enfants pauvres de Blosseville et une autre pour l’emploi à perpétuité de deux religieuses à l’Hôtel Dieu de Rouen.
La vente de la vicomté le 17 mai 1729
Marguerite Bouchard vendit le 17 mai 1729 la vicomté à Louise le Baillif, veuve de Nicolas Marye (1661-1719). Louise le Baillif (1666-1755) s’avéra une vicomtesse particulièrement active. Citons en 1733, la création de deux parcs de clayonnages pour pêcher en bord de mer « sur les costes de St Nicolas de Veules », en 1741, un échange entre des biens qu’elle possédait à Barentin et le rachat des terres de Blosseville qui appartenaient à la commanderie Ste Vaubourg. En 1745, elle demanda l’autorisation de démolir la chapelle des Marettes.
Au décès de leur mère, en 1755, Nicolas Marye (1685-1759) et Philippe Marye (1688 -1772), deux fils parmi les ainés, assurèrent la succession de la vicomté : pour le reste de la fratrie, voir l‘article ci-dessus.
Philippe Marye, à la mort de son frère Nicolas en 1759, fit poser dans l’église St Martin-St Lézin la litre funéraire qui reste apparente à plusieurs endroits sous le badigeon.
Philippe Marye (1688-1772) avait épousé Marie Louise Formont (1698-1724) en 1722. Leur fille, Louise-Marie naquit en 1723. Elle fut la première avec le qualificatif « de Blosseville » : Louise Marye de Blosseville .
La vie de Louise-Marie débuta par le décès de sa mère un an plus tard à l’accouchement de son frère, lequel ne vécut que deux années. Mariée à 16 ans, le 9 Juin 1739 à Bénigne Etienne François Poret de Boissemont (1712-1775), elle succomba à dix-neuf ans, en donnant la vie au premier Bénigne Poret de Blosseville. Grâce à elle, allait débuter une lignée de Poret de Blosseville, riche de personnalités qui marqueront l’histoire régionale et nationale.
Après la mort de son père, Bénigne Poret de Blosseville (1742-1828) était en 1773 le nouveau vicomte de Blosseville. Le quatre juin 1767, il avait épousé, Marie Henriette de Civille de saint Mards (1748-1823) au Bois Héroult, commune du pays de Bray où la famille de Civille avait son château. Ils eurent cinq enfants dont les unions sont également présentées dans le même article. Sur l’acte de décès de son épouse, on peut lire les titres de Bénigne Poret de Blosseville «conseiller au Parlement de Normandie et conseiller du Roi en ses conseils, son procureur général en sa cour des aides et finances de la même province, ancien secrétaire des commandements de son altesse royale Monsieur le comte d’Artois, frère du Roi..»
En sa qualité de procureur général en sa cour des aides et finances, Louis XVI lui annonce sa venue le 12 septembre 1774 :
De la Révolution (1789), Directoire, Consulat, Napoléon à la fin du 1er Empire (1815)
La préparation des Etats généraux. C’est Jacques Mignot (1714-1790), laboureur, fermier (30 acres, 1 charrue) du vicomte, qui adressa la convocation le 8 mars 1789 : les huit comparants étaient tous laboureurs. Ils rédigèrent le cahier de doléances et élirent deux députés Louis Hauchet et Pierre Cottard qui se rendirent au baillage d’Arques. L’étape suivante fut l’assemblée réunie à Caudebec d’ou partirent six députés pour être présents à Versailles le cinq mai.
En 1789, la population de Blosseville était de 210 feux (ménages, environ 1000 habitants) soit le double de 1738. La surface était de 620 acres de terre en labour (acre = environ 4000 m2) et 90 en masures.
Le cahier faisait le détail des impôts « excessifs surtout l’impôt du sel », demandant « les moyens de décharger le peuple d’un impôt aussi onéreux », que la communauté fournissait « beaucoup de canonniers garde-côte et de marine, qu’elle est sujette au guet et garde en temps de guerre, de façon à ce que les laboureurs manquent d’ouvriers », que la paroisse est obligée de donner des « logements ainsi que des fournitures » à cause du passage des troupes ; « la récolte éprouve un dommage considérable par la grande rigueur de l’air », « vu la cherté des denrées, le nombre de mendiants nocturnes augmente demandant que les états généraux s’occupassent de ce que chaque paroisse fût déchargée de ses pauvres..» (cf., les cahiers de doléances du baillage d’Arques, E. Le Parquier, 1922, p.115-117, via Gallica).
Bénigne Poret de Blosseville (1742-1828) vécut le changement de régime. Ce n’est plus Louis XVI qui s’adressait à lui (cf., ci-dessus) mais les administrateurs municipaux ! L’attestation signée ci-dessous démontre à la fois son immense fortune (cent cinquante neuf articles de sa déclaration de biens pour le seul canton…), et sa nouvelle qualité de citoyen Bénigne Poret en ce vingt Fructidor au 4 ème de la République Française (12 septembre 1796), quant à la paroisse, elle est devenue Commune de Blosseville…
A la fin de cette longue déclaration de biens de 1796, le « citoyen vicomte Poret » prit soin d’ajouter « l’on observe que la municipalité de Veules de son autorité et par la force s’est emparée de la dite Place, halles, bâtiments, Mesures, Poids….».
De 1815 (Louis XVIII) à Charles X, de 1830 à 1848 (Louis-Philippe), de la II ème République (1848-1851) au second Empire (Napoléon III, 1851-1870)
Dans son testament, Bénigne Poret de Blosseville parmi de nombreuses dispositions, détaille les modalités du financement d’une rente « à perpétuité affectée à l’entretien d’une maîtresse d’école dans la commune de Blosseville à la charge pour elle de donner une éducation gratuite aux filles pauvres de la commune…»
A son décès en 1828, c’est son fils Auguste Louis Poret de Blosseville (1782-1861) qui hérita des biens de Blosseville. Il avait épousé le 9 juillet 1810, à Evreux, Louise Adélaïde Lambert des Fourneaux (1788-1863).
A son décès, c’est leur fils Joseph Edouard Poret de Blosseville (1816-1871), qui assuma la charge pendant dix ans.
De la III ème République (4 septembre 1870) à 1945
En 1871, quand elle hérita de son frère Joseph Edouard, Marie Louise Athénaïs Poret de Blosseville (1813-1880), était veuve de François Raoul de Margeot (1803-1863), qu’elle avait épousé en 1835 à la Chapelle du Bois des Faulx, lieu de résidence familiale, située à une dizaine de kilomètres au nord d’Evreux (Eure).
Sa fille Jeanne Marie de Margeot (1836-1915) prit la suite en 1880. Elle avait épousé en 1860, Gaston Arthus de La Croix de Chevrières de Sayve (1827-1904).
Marie Louise Athénaïs Margeot « comtesse», sa fille Jeanne Marie et son gendre « le Marquis et la Marquise de Sayve » ont offert en 1874 la verrière « Jésus accueillant les petits-enfants » et le nom de Jeanne Marie de Margeot est gravé sur la cloche baptisée en avril 1892.
Victor Hugo est passé à Blosseville en septembre 1882, sans s’arrêter…
Première Guerre Mondiale
Le monument aux morts honore la mémoire des trente soldats Blossevillais morts pendant ce conflit..
Deuxième Guerre Mondiale
Deux blossevillais sont morts pour la France.
Douze soldats sont morts à Blosseville lors des combats de juin 1940 et ont été enterrés dans le cimetière du village.
Les corps des huit britanniques y reposent encore aujourd’hui.
En 1948, les corps des quatre français ont regagné les cimetières de leurs communes d’origine. La biographie de chacun est présentée : les soldats français morts à Blosseville en Juin 1940.
Le général de Gaulle s’est arrêté au carrefour de Blosseville le 10 juillet 1960, salué par le maire Louis Blosseville et les conseillers municipaux.
Histoire contemporaine
La mémoire des anciens a été recueillie et la transmission orale des évènements les plus récents seront relatés dans la rubrique vie quotidienne.