Le chemin de la croix Dielle

L’histoire ce chemin est récente. En 2019, la nécessité d’attribuer des adresses aux riverains a amené à découper le long chemin des forrières. Cette dénomination a été motivée par la lecture du plan Napoléonien sur lequel elle était écrite avec cette orthographe pour un chemin ayant un trajet différent.
Le chemin actuel emprunte l’ancien chemin intitulé « de Gueutteville à Blosseville et la chapelle du Val«  qui coupait en diagonale d’Ouest en Est successivement les trois chemins de Blosseville à Veules (i) la route actuelle), (ii) le chemin de randonnée menant actuellement à la cavée du renard puis (iii) l’ancien chemin du bout des marettes désormais chemin de randonnée menant à la cavée d’Iclon (illustration ci-dessous).

Chemin de la croix Dielle depuis 2019 avec ronds rouges. Le point d’interrogation incite à se reporter sur l’illustration ci-dessous.
(ADSM, plan d’assemblage PC_3P3_464.)

Le point d’interrogation est situé à la première intersection. Sur cette feuille, ci-dessus, il n’y a aucune indication. En revanche, sur une autre feuille (A), d’autres indications sont mentionnées et nous pensons qu’elles ont été contemporaines (1827-27) du cadastre Napoléonien (cf ci-dessous).

Extrait de la feuille A du cadastre Napoléonien désignant le chemin de la croix Dielle qui faisait la limite de la commune de Veules (ADSM, PC 3P3 465). Annotations avec les noms d’usage actuels. Les deux cadres rouges renvoient aux deux illustrations ci-dessous.

La croix Dielle était située sur le bord Est de l’actuelle route de Veules, précisément le lieu actuel d’une autre croix… L’ancien chemin de la Croix Dielle à la Chapelle du Val débutait à cet endroit, prolongeant le chemin dit de Gueutteville à la Chapelle du Val.
Ancien chemin de la croix Dielle à la Chapelle du Val qui limitait au Sud la commune de Veules : grossissement de la feuille A.
Tracé de l’ancien chemin qui reste visible sous les cultures, de part et d’autre de la route de Veules : vue aérienne entre 2000 et 2005 (IGN)

La croix Dielle : point d’interrogation ?

La première interrogation concerne son ancienneté.

Sa localisation en 1653.

Dans le papier terrier de Madeleine Bouchard en date de Pâques 17031ADSM, 1 ER 1422, papier terrier, première partie, folio 67., il est fait référence à une parcelle d’une demi-acre bordé de  » la sente tendant de la croix Diel à nostre Dame Duval « . L’historique de cette parcelle renvoie à un aveu de guillaume Le Picart en date du 12 septembre 1653. La croix Diel dont il est question dans cet acte datait donc au moins de la première moitié du XVII è siècle. La date de 1626 sur les croix Dyel identifiées dans le cimetière est parfaitement en accord.

La carte de Frémont dressée avant 1715, ci dessous, signale une croix peu distante à l’Est de l’Eglise dont la localisation paraît tout à fait compatible.

Localisation de la croix sur un extrait de la carte de Fremont (dressée entre 1691 et 1715)

La seconde question concerne l’orthographe Dyel.

En effet, les écrits de l’abbé Cochet qui avait recours aux informations locales sont précieuses. Nous savons qu’ il a visité l’église en 1849. Dans les années 1850, il écrit « les habitants parlent de la croix Dyel où l’on va encore le jour des rameaux dire un De Profundis pour les victimes ou les fondateurs »2Cochet JBD. Les églises de l’arrondissement d’Yvetot, tome 1 deuxième édition, 1853, page 58/386.La première édition datait de 1852. En 18713Cochet JBD. Répertoire Archéologique du département de la Seine Inférieure :1871, page 532-533/650. , il écrit « la croix Dyel disparue ». En se fiant à ces écrits, l’orthographe retenue était Dyel et sa « disparition » serait donc survenue dans l’intervalle 1853-1871.

La croix Dielle-Dyel aujourd’hui ?

La localisation est actuellement celle de la croix Fauconnet. Charles Fauconnet (1797-1866) a été maire de Blosseville de 1844 à 1849. Le décès de Charles Fauconnet datant de 1866, l’érection de cette croix qu’il a offerte est donc compatible avec l’intervalle pendant lequel la croix Dyel est signalée disparue par l’abbé Cochet. La recherche des archives de la succession de Charles Fauconnet et la possible mention de la somme consacrée pour la sculpture de cette croix permettront peut être d’en savoir plus…

Vous lirez dans un autre article comment nous avons identifié les deux croix Dyel qui n’ont pas disparu mais bien visibles aujourd’hui dans le cimetière.

Références

  • 1
    ADSM, 1 ER 1422, papier terrier, première partie, folio 67.
  • 2
    Cochet JBD. Les églises de l’arrondissement d’Yvetot, tome 1 deuxième édition, 1853, page 58/386.La première édition datait de 1852
  • 3
    Cochet JBD. Répertoire Archéologique du département de la Seine Inférieure :1871, page 532-533/650. 

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