Pierre de St Maard (1397-1449), sous domination anglaise

Dérouler la vie de Pierre de St-Maard  (1397-1449)1Nous adoptons pour les dates le nouveau style (n.s.) afin que la chronologie soit plus explicite. En effet, à l’époque le calendrier allait de Pâques à Pâques ; ainsi Janvier 1412 succédait à Novembre 1412. Cette orthographe Maard a été choisie parmi toutes les variantes rencontrées Mars, Mards, Marc, Maart, Maards…, considérant qu’elle était la plus souvent adoptée par les intéressés eux-mêmes.nécessite de croiser plusieurs sources. (i) La famille de St Maard a été étudiée par Bertrand Pâris2Bertrand Pâris. La famille de Saint-Maard (1300-1600). Rouen 2004, 16p. ADSM BR 649. Bertrand Pâris. Jehan de Saint-Maard, vicomte de Blosseville in Bulletin de la Société des antiquaires de normandie, tome LXVI, 2004-2007, p. 359-375.à partir des archives de la Cour des Comptes de Normandie dont les originaux ont disparu. Leur contenu a été sauvegardé grâce à un bénédictin, Dom Lenoir (Jacques Nicolas, 1720-1792), qui a consacré vingt-cinq années à les transcrire. A son tour, B. Pâris, de 1998 à 2022, a repris l’analyse de toutes ces notes désormais rassemblées en douze volumes indexés3B. Pâris : Mémoriaux de la chambre des comptes de Normandie (XIVe-XIIè) de Dom Lenoir, Editions Généalogiques de la Voûte. Tomes 1 à 12. ADSM 944.202 5 PAR. Pour la suite, Mémoriaux, B. Pâris, suivi du Tome, p. et de la référence à Dom Lenoir..(ii) Les Rôles normands4Rôles normands et français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny. in Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie. 3 ème série, 3 ème volume, XXVIII de la collection. Paris, Septembre 1865. L’orthographe est maintenue à l’exception de l’ajout des accents pour une meilleure lecture. Pour la suite : Rôles N. suivi du ou des numéros (N°). rapportant chacune des décisions anglaises, sont une autre source précieuse, illustrant combien dans une même famille, le destin a pu diverger entre ceux qui firent allégeance et les autres. (iii) Les actes du tabellionage, permettent de suivre le devenir des biens, achats, ventes et revers de fortune et ainsi mieux situer à la fois les lieux et les principaux interlocuteurs de Pierre de St Maard. (iv) L’histoire personnelle et locale de Pierre de St-Maard, noble et militaire, est inscrite dans la « grande Histoire », connue grâce aux récits des chroniqueurs qui vécurent ces évènements de la seconde période de la guerre de cent ans.

Pierre de Saint-Maard naquit à Avremesnil le 28 juin 1397 fils de Guillaume. Sa mère était née Mallemains. Les témoignages de Jean de St Légier, laboureur à Blosseville apprennent que « jusqu’à la naissance de messire Pierre, Madame de Blosseville n’avait eu que des filles » et qu’ensuite dut naître un autre frère selon Pierre Huart, « prêtre qui avait demeuré sept ans en l’hostel du père dudit chevalier pour montrer et apprendre le dit chevalier et un autre frère et les soeurs qu’il avait ». Les parrains de Pierre étaient Jehan de Saint-Maard, écuyer, son oncle6Ce Jehan de St Maard est possiblement celui qui fut prisonnier des anglais en Juillet 1418 (Rôle N., N° 1174) et/ou, selon des lettres (Rouen) d’Henri VI en mars 1423 (n.s.), fut dépossédé de ses biens octroyés à John Fastolf, chevalier, grand maitre de l’hôtel du Duc de Bedford (cf., Mémoriaux B. Pâris, TI, p. 209 ; Dom Lenoir, V3, p. 316, N° 23.659.et Pierre de Hoqueville, son cousin germain. Sa marraine, Jeannette de Hoqueville, était la fille de ce dernier. Sa tante, Isabelle de Saint-Maard, demeurait à Blosseville : « Guillaume de St-Maard, son frère, lui avait baillé en provision l’hôtel et la terre du dit lieu de Blosseville en septembre à la St Michel 1396 ».  

Le 25 mars 1411, son père Guillaume de St Maard décéda : « la garde dud. chevalier fut baillée à Pierre de Hoqueville esc. pour toutes les terres d’icelui seigneur pour le prix de cent livres par ans dont 75 furent ordonnées être payées au vicomte d’Arques et 25 liv. au vicomte de Caudebec ».

Au sein du rapport de la Chambre des Comptes, celui de la vicomté d’Arques du 11 janvier 1413 confirma la garde-noble confiée à Pierre de Hocqueville, écuier, cousin germain dudit sous âgé7sousagés : mineurs jusqu’à l’âge de 22 ans selon R. Boimare. Ordonnances de l’Echiquier de Normandie aux XIV ème et XV ème siècle. Index-glossaire. 1932. 48p. pour moitié, 37 livres 10 sols tournois ». La mention « Pierre de Saint Maarc dit de Mauconduit écuier sous âgé fils et héritier de feu messire Guillaume Labbé en son vivant chevalier et vicomte de Blosseville » nous informe de l’instabilité du patronyme paternel et du lien avec les Mauconduit (thème abordé dans un article spécifique à partir d’actes originaux).

Henry V, roi d’Angleterre débarqua à chef de Caux (Sainte Adresse) le 14 août 1415, en rive Nord de l’estuaire de la Seine, avec une armée considérable : dix mille hommes, mille cinq cent navires de toute taille. Après la reddition d’Harfleur le 23 septembre, son armée remonta via Fécamp, Arques, Eu, en direction de l’estuaire de la Somme, traversée à Béthancourt. Les français furent vaincus à Azincourt le 25 octobre 1415, en dépit de leur large supériorité numérique. Le choix du lieu fut une erreur stratégique qui, en une heure de combat, causa la mort d’une bonne partie de la chevalerie française. D’autres furent capturés, le plus célèbre d’entre eux, Charles, Duc d’Orléans resta captif pendant vingt-cinq ans.

Le 23 juillet 1417, après avoir anéanti la flotte franco-génoise au large de la Hougue, Henry V débarqua à l’embouchure de la Touques. Grossièrement, la « basse Normandie » d’aujourd’hui fut conquise en six mois. De son côté, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, après avoir déployé un large mouvement enveloppant (Vernon, Chartres, Louviers et Evreux), prit Paris dans la nuit du 28 au 29 mai 1418.

Le 30 Juillet 1418, l’armée d’Henry V débutait les six mois du siège de Rouen10Anne Curry. Les villes normandes et l’occupation anglaise ; l’importance du siège de Rouen (1418-1419) in Les villes normandes au moyen âge : Pierre Bouet et François Neveux. Presses Universitaires de Caen, Caen, 2006, p. 109-124., devenu particulièrement atroce à l’hiver quand des milliers de réfugiés furent expulsés et périrent de faim et de froid entre les deux lignes. 

Le 19 janvier 1419, Rouen s’était rendu. Un Bourguignon, capitaine de Rouen, Guy le Bouteiller (1390-1438)11ou Gui le  Boutiller : noble cauchois au service de Jean sans Peur, «  qui auparavant estoit capitaine de Rouen se rendit anglois et fit serement au roy d’Angletere …. ». La chronique d’Enguerran de Monstrelet  (1400-1444) publiée par la Société de l’histoire de France par L. Drouët-D’Arcq, Paris chez Mme Ve Jules Renouard. Tome III (1414-1420), 1859, p. 308-309.passa alors au service des anglais et nous le retrouverons au fil de sa carrière. Rouen allait demeurer anglaise pendant 30 ans.

Le 8 février 1419, ce fut au tour de Dieppe de capituler. Le 14 février Henri fit proclamer « que tout Normand souhaitant venir au roi pour jurer sa loyauté, quelles qu’aient pu être ses offenses passées, pouvait le faire sans craindre d’être molesté ».12Anne Curry : La Normandie au XV ème siècle : l’occupation militaire d’Henri V et le contrôle des garnisons. in La guerre en Normandie (XI-XV ème siècle) Anne Curry et Véronique Gazeau Eds. p. 179-193. Presses Universitaires de Caen, 2018. Open Edition Books 2020.

Un acte du 10 février 1419, 13Acte entre Pierre de St Maard et Guillaume de Hocqueville : ADSM  Rouen, répertoire 2E1/69, vue 853 ; minutes :  2 E1/167, vues 377 dernier paragraphe, voir quatrième ligne -378.permet de situer à fin 1418 – début 1419 le décès de Pierre de Hocqueville, qui jusqu’alors avait exercé la garde-noble de Pierre de St Maard. Cet acte confirme à la fois la filiation de Pierre de St Maard et sa parenté avec Pierre de Hocqueville.

A cette même date, Pierre de St Maard rendit hommage au Roy d’Angleterre : deux Rôles le rapportent (ci- dessous): le  10 février 1419 (Petrus de St. Marc, chivaler) et celui du 12 février – 4 mars (Pro Petro de Saint Marc, chivaler)14Rôles N. N° 1227 et 1229..

Le 14 février, le mandement d’Henri V stipulait «  avons de nouvel obtenir et recouvrer la seigneurie de nôtre paix et duché de Normandie qui est l’une des parties de nôtre royaume de France qui par raison de notre droit héritage, nous…appartient, voulons et désirons de toute nôtre puissance maintenir et garder nos loyaux sujets en paix et tranquillité et bonne justice et résister aux inconvénients…à tous chevaliers, escuyers de notre dit duché de Normandie, étant de présent en notre obéissance, que sous peine d’encourir la peine de cent marcs d’argent, ci appliquée à nôtre volonté ; ils, et chacun d’eux viennent et comparaissent personnellement en notre présence ou de notre lieutenant en notre cité de Rouen le XXVIII jour février… »15Rôle N. N° 300, vue 61/659. Adaptation de l’orthographe.

Pierre de Saint Maard se présenta probablement le jour dit  à une telle injonction !

Mention de Pierre de St Maard parmi les hommages rendus au Roi d’Angleterre Henri V. A noter (flèche droite) la mention d’un Guillaume de Honqueville qui pourrait être le Guillaume de Hoqueville… L’année est 1419 (n.s). Rôles normands et français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny. in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie. XXVIII de la collection. Paris, 1865, vue 223/659. via Gallica.

Un Rôle du 9 mars16Rôle N. N° 319, vue 65-66/659., explicite que les « dits gens d’Eglise, bourgeois et tous les nobles et autres habitants de quelque état ou condition qu’ils soient …qui voudront en l’obéissance du dit très excellent roi auront leur corps, biens, héritages et possessions quelconques, saufs et quittes… » pourvu toutefois que le roi n’ait pas déjà octroyé leurs héritages. Quant aux autres « qui ne veulent venir à la dite obéissance », avaient « leur corps, biens, chevaux et harnais saufs, dès lors qu’ils quittaient les lieux sous huit jours », à l’exception toutefois du vin, du sel et du fer.

A titre d’exemple, au même moment, André de Rambures ne fit pas allégeance au roi anglais et eut ses biens confisqués, parmi lesquels le fief dit du Bourg Dun, qui s’étendait à Blosseville17Rôle N. N° 329, vue 69/659. Bréquigny qui a vu les originaux, mentionne Boscqueville comme une des orthographes., lequel fut octroyé à Guy Le Bouteiller.

En septembre-octobre 1419, Pierre de St Maard « chevalier, vicomte hérédital de Blosseville » était « au service du roi au siège de château Gaillard ». Il avait fait une requête, probablement au sujet de la levée de sa garde-noble. Pour y répondre, une enquête fut menée par Robin le Lieure, vicomte de Caudebec, en présence de Pierre Paris, procureur du roi au bailliage de Caux et transcrite le 5 Octobre18Mémoriaux, B. Pâris, TII, p. 184-185 ; Dom Lenoir V5, p. 227-278, n° 19.386.nous apprenant également que  « led. Pierre communément demeurait en son hostel à Avremesnil auprès dudit lieu de Blosseville… ».

Le 18 novembre 1419, Pierre de St Maard fit un aveu de dénombrement19ADSM 1ER 2194, copie effectuée à la requête de Guillaume de St Maard son arrière petit-fils et Rôles N. N° 1227 et 1229 du 10 et 12 février 1419. (liste et localisation des terres et autres biens) « remis au roi pour plusieurs fiefs et notamment pour la vicomté de Blosseville ». A la dernière page, il explique qu’il est resté « à la garde du Roy pour le fait de la guerre et du temps qui a couru » et sollicite « la grâce et courtoisie du Roy ».

18 novembre 1419. Dénombrement remis au Roy par Pierre de Saint Mard pour plusieurs
fiefs et notamment pour la vicomté de Blosseville
. ADSM 1ER 2195. Copie du début du XVI ème.

Le 8 décembre 1419, Château-Gaillard se rendit après seize mois de siège « Et le château-gaillard, qui était au roi de France, se tint l’espace de seize mois, au bout duquel temps se rendit par faute de ce que les cordes dont ils tiraient l’eau leur étaient faillies. Et en était capitaine messire Olivier de Mauny, qui avait aveclui six vingt hommes d’armes et plus. Et tenaient ledit siège les comtes de Huntington et de Kent »20La chronique d’Enguerran de Monstrelet  (1400-1444) publiée par la Société de l’histoire de France par L. Drouët-D’Arcq, Paris chez Mme Ve Jules Renouard. Tome III (1414-1420), p. 337-338,1859. Orthographe adaptée.. Monstrelet situe à la même époque la prise du château de la Roche-Guyon où l’action déterminante de Guy le Bouteiller amena Henry V à lui octroyer le dit château21Rôle N. N° 783 du 20 mars 1420..

A l’été 1419, les anglais étaient maîtres de la Normandie et le royaume de France coupé en deux : à Paris, Jean sans Peur, duc de Bourgogne, avait sous sa coupe le roi Charles VI et la reine Isabeau, contrôlant une bonne partie de l’Ile de France ; à Bourges, le dauphin Charles, âgé de seize ans, véritable chef des Armagnacs pouvait compter sur le Berry, la Touraine, l’Anjou, le Poitou, le Bourdonnais et quelques postes d’Ile de France. Le dix septembre 1419, sur le pont de Montereau, Jean sans Peur fut assassiné par Tanguy Chastel, un proche du dauphin qui avait organisé ce guet-apens. Ce meurtre ne pouvait que renforcer l’alliance des Bourguignons et des Anglais.

A l’instigation de Philippe, héritier de Jean sans Peur, le traité de Troyes fut scellé le 21 mai 1420 : Henri V devenait l’héritier de la couronne de France, et le 2 juin suivant il épousa Catherine, fille de Charles VI. La couronne de France restait à Charles VI jusqu’à sa mort après laquelle Henry V et ses descendants seraient « roi et seigneur souverain de l’un et l’autre royaume ». Quant au dauphin retranché à Bourges, il fut déclaré banni et déchu du royaume en décembre 1420. 

En 1421, la Normandie anglaise était organisée de la manière suivante :  le chancelier de Normandie est l’évêque de Rochester, John Kemp, le Sénéchal de Normandie est Richard de Wydeville, les huit bailliages sont maintenus mais des Anglais sont à leur tête. Les finances sont centralisées à Caen, le trésorier général étant William Alington. La perception et l’utilisation des impôts sont supervisées par la Chambre des Comptes, où coexistent Français et Anglais. Quasiment toutes les garnisons sont anglaises, 4700 hommes auxquels s’ajoutent 2000 hommes fournis par les seigneurs qui ont fait hommage au roi, à la fois des Normands, comme Pierre de St-Maard, mais aussi des Anglais qui ont reçu des fiefs confisqués.

A l’été 1422, Henry V, revenu pour combattre le dauphin sur la Loire, mourut à 36 ans le 31 août, sans que la cause ne soit connue. L’héritier était un nourrisson de 9 mois, le futur Henry VI. Les deux frères du feu Henry se partagèrent la régence ; à Jean, duc de Bedford, la Normandie, à Gloucester l’Angleterre. Le 21 octobre, Charles VI mourut à son tour : en application du traité de Troyes, Henry VI fut proclamé roi de France, Bedford assurant la régence. La France anglaise regroupait la Normandie augmentée au Nord, de la région du Ponthieu et de Calais, la partie nord du Maine, la région de Chartres, la Brie, et la Champagne. 

A Bourges, le dauphin devenu Charles VII se fit proclamer roi de France le 30 Octobre 1422 ; en réalité, « le roi de Bourges » contrôlait une bonne moitié du Royaume.

Bedford fit frapper dans tous les ateliers monétaires de la France anglaise une monnaie d’or et d’argent à l’effigie d’Henry VI. En Normandie, il réduisit la rançon qui avait été imposée à Rouen par son frère et restitua les clefs de la ville

La régent, le duc de Bedford fit frapper dans les ateliers monétaires de la France anglaise une monnaie intitulée « salut d’or d’ Henri VI » en référence à la salutation de la Vierge recevant d’un ange une bandelette sur laquelle était écrit Ave. L’image de ce salut, frappé à Rouen en septembre 1423, est issue du site CGB numismatique Paris.

La titulature (mots et abréviations) de la pièce (cf., ci-dessus) résume l’époque HENRICUS : DEI : GRA : FRANCORU : Z : AGLIE : REX, à savoir, «  Henri par la grâce de Dieu, roi des Francs et des Anglais.

Situation de la campagne

Plusieurs citations de Thomas Basin24Extraits de Thomas Basin (1414, Caudebec en caux – 1491, Utrecht) : Histoire de Charles VII et Louis XI,  Livre II, chapitre 1, p. 102-104/1187 et chapitre 6 p. 115-119. Ed J. Blanchard, F. Collard, Y. de Kisch. Coll AGORA. 2018 Pocket.illustrent la situation :

« presque toutes les campagnes restèrent des années durant en friche, sans personne pour les cultiver ; quelques petits coins de terre seulement y échappèrent, à l’écart des villes, places et châteaux, mais ils ne pouvaient s’étendre à cause des fréquentes incursions de pillards»

« Nous avons de nos yeux vu les très vastes étendues… du pays de Caux, depuis la Seine jusqu’à Amiens et Abbeville… toutes ces régions totalement désertées, en friche, vides d’habitants, couvertes de broussailles et de ronces ; la plupart des régions où les arbres poussent bien se sont couvertes d’épaisses forêts... »

« S’il était possible de pratiquer quelque culture, c’était seulement autour et à l’intérieur des villes, des places fortes, des châteaux, à la distance d’où le veilleur, de sa tour ou de son échauguette, peut voir l’arrivée des bandits ; alors, au son de la cloche, de la trompe de chasse ou d’un quelconque autre instrument, signal était donné à tous ceux qui travaillaient aux champs ou dans les vignes de se replier à l’abri des fortifications… »

« il y avait aussi d’innombrables hommes dépravés, dépourvus d’honneur : par lâcheté, par haine des Anglais, avides du bien d’autrui ou conscients de leurs crimes et désireux d’échapper à la justice, ils avaient quitté leurs maisons et leurs champs, n’avaient pas rallié les places et les châteaux des Français ni rejoint leurs troupes, mais, tels des bêtes sauvages, tels des loups, installés au plus profond des forêts, dans des lieux inaccessibles, ils en sortaient, pressés par la faim, presque toujours de nuit, plus rarement de jour, faisaient irruption dans les chaumières des paysans, leur volaient leurs biens et les emmenaient captifs dans leurs repaires introuvables des bois…»

Le 14 octobre 142125Mémoriaux, B. Pâris, T1, Dom Lenoir V3, N° 24.876 p. 372., un mandement enjoignait aux vicomtes de Caudebec, de Neufchâtel et d’Arques « de donner mainlevée à Pierre de Saint-Maard, chevalier vicomte de Blosseville de la garde-noble de ses biens car suffisamment âgé ».

1422 est l’année du contrat de mariage, à la Pentecôte,26Mémoriaux, B. Pâris,T II, p. 401, Dom Lenoir V5, p.317-318, N° 19.447-8 : Informations du 30 octobre 1425, de Rouen, Michel du Mont, lieutenant et Michel Durant, vicomte. Voir aussi le 22 septembre 1425 in B. Pâris T V, p. 82, Dom Lenoir V10, N° 24.275 p. 133. Information indirecte car ce contrat reste à trouver. avec Blanche dite la Sénéchalle. Née en 1404, fille de Jean de Saint-Pierre, Sénéchal d’Eu, mort à Azincourt en 1415 et de Marguerite Martel. Blanche hérita de son père des biens à Bondeville, tenu de la baronnie de Montville, à Limésy, en la vicomté de Rouen et la châtellenie de Guillemecourt en la vicomté d’Eu. 

1426 : Blanche fut mise hors de la garde du roi le 8 avril 142627Mémoriaux, B. Pâris, Tome V p.85, Dom Lenoir. V10, N°24.607 p. 139. Sa mère était ainsi déchargée de la garde qui lui avait été baillée en 1419, moyennant 40 livres par an payables à la vicomté de Rouen. après Pâques.

Le 8 juin 1426 Henry VI accorda à ce couple un délai jusqu’à Noël afin de se mettre en règle : « .. prochainement venant à son amé et féal chevalier Pierre de Saint-Maard, seigneur de Blosseville et à Blanche de Saint-Pierre sénéchalle d’Eu sa femme, fille et héritière de feu Jehan de Saint-Pierre en son vivant chevalier et sénéchal dudit lieu de Saint-Pierre, naguère mise hors de garde dud. Sgr roy, pour lui faire foy et hommage et bailler le dénombrement de leurs terres fiefs et seigneureries assises ès baillages de Rouen et de Caux et ès vicontés dud. Rouen et d’Arques.. »28Mémoriaux, B. Pâris, T XI. p. 172-173 ; Dom Lenoir V 22, p. 23, N° 5.129. Lettres de Paris du 8 juin 1426. Copie du 10 par Simon Morhier, esc.

Orléans était une place stratégique dont la prise aurait ouvert aux Anglais le chemin de Bourges et des territoires du royaume de Charles VII. Le comte de Salisbury (1388-1328)29Monstrelet : op. cit., Tome IV, p. 298-300 : début du siège d’Orléans et les circonstances de la blessure mortelle de Salisbury., débuta le siège en octobre 1428 en construisant des bastides fortifiées sur la rive droite de la Loire et s’empara des Tourelles à l’entrée du pont pour empêcher tout ravitaillement par la rive gauche. Le ravitaillement des assiégés comme des assiégeants anglais nécessitait toute une logistique.

Au printemps 1429, Pierre de Saint Maard fut un des seigneurs normands qualifiés de « chefs de montre » qui eurent pour mission de conduire des vivres à l’armée anglaise30Charles de Beaurepaire. Administration de la Normandie sous la domination anglaise (1424-1425-1429) in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie 3 ème série, 4 ème volume, Décembre 1861, p. 170-230, voir p. 205. qui assiégeait Orléans. Ils comparurent en armes à Vernon le 29 mars 1429 pour former un corps de 200 lances et 600 archers. Le chef de montre désignait le capitaine des nobles ; en l’occurence, Pierre de St Maard était le capitaine des nobles de la vicomté d’Arques. La « montre » désignait une revue d’armes et d’habillement passée devant un commissaire qui établissait un certificat à fin de paiement. L’extrait du Compte anglais31Louis Jarry. Le compte de l’armée anglaise au siège d’Orléans (1428-1429). Orléans, 1892 pp 200-201/240 : détail des hommes engagés et les gages reçus par Pierre de St Maard et p. 224-25. L’orthographe a été adaptée pour un lecteur d’aujourd’hui… est la traduction de ce certificat : Pierre de St Maard  était à la tête de 43 hommes, payés pour les quinze prochains jours et lui-même était recruté pour onze jours supplémentaires :

« audit messire Pierre de Saint-Marc, chevalier, chef de montres des nobles de la vicomté d’Arques, venus pour servir audit conduit des vivres audit siège d’Orléans, payé par vertu des dîtes lettres pour les gages et regards de lui, IX autres hommes d’armes à cheval, six autres passés à demi- gages d’homme d’armes et XVIII autres à gages d’archers, pour leur service audit conduit de XV jours, commençant le IIIIe jour dudit mois d’avril mil CCCC XXIX et finissant le XVIIIe jour dudit mois suivant, tous inclus, dont il ont fait leurs premières montres le dit IIIIe jour au lieu de Vernon, par devant lesdits commissaires, ci rendues ; et ledit chevalier est payé pour sa personne, ci dessus, de XI jours suivants du surplus de son dit service, avec les nobles de la vicomté de Caudebec, pour ce ici, par lui faîte le VIe jour dudit mois, ci rendue ».

Le chef des nobles de la vicomté de Caudebec évoqué ici est Jean de Caux, qui après sa soumission, avait été confirmé dans la possession de ses biens en 142032Rôle N. N° 718 et in Albert Sarrazin : Jeanne d’Arc et la Normandie au XV ème siècle, Rouen 1892, p. 131-132 / 637..

La quittance33Bibliothèque municipale de Rouen (Ms Leber-5691-2). Dimension : 9,2 x 27,7 cm ,(ci-dessous) correspond à ce certificat : signée du même jour par Pierre de St Maard, elle est conservée aux archives municipales de Rouen.

Quittance du 6 avril après Pâques, l’an 1429. Signature de Pierre de St Maard. Bibliothèque municipale de Rouen (Ms Leber-5691-2)

On peut y lire le nom du receveur général de Normandie, Pierre Surreau34Inventaire de Pierre Surreau, receveur général de Normandie par Guillaume de la Fontaine, suivi du testament de Laurens Surreau, publié par J. Félix. Société de l’histoire de la Normandie. 1892, p. 164/444. qui, après avoir servi Charles VI, s’était rapidement rallié à la cause anglaise. Nommé en 1423, il assuma sa charge de receveur général de Normandie pendant dix ans, fut trésorier des finances en 1433 et décéda à Rouen le 29 juin 1435. Cette quittance mentionne les deux commissaires de cette expédition en route vers Orléans : le premier est l’anglais Johan Popham. En 1429, Johan Popham, chevalier, conseiller du Roi, était le lieutenant du Régent dans sa capitainerie du château et du donjon de Rouen. Le second est Guy le Bouteiller (cf., les citations précédentes).

Ces 200 lances et 600 archers partirent de Vernon pour se rendre à Paris, d’où ils partirent le 29 avril pour Orléans afin de ravitailler les assiégeants anglais.

La suite est bien connue car dans ce même temps d’Avril, une expédition venue de Blois avait remonté la Loire pour nourrir les assiégés. Jeanne d’Arc qui venait de rencontrer Charles VII à Chinon était dans ce convoi. Jeanne d’Arc entra dans Orléans le 29 Avril. Dunois, dit le bâtard d’Orléans, préconisa d’attendre des renforts. Ainsi, Dunois prit la bastide St Loup le 6 mai, reprit les Tourelles le 7 mai et les Anglais levèrent le siège le 8 mai. Jeanne d’Arc n’avait pas participé physiquement aux combats, mais sa seule présence suscitait la crainte…le mythe Jeanne d’Arc débutait.. « Si grande était la peur inspirée par le seul nom de la Pucelle que la plupart des Anglais juraient leurs grands dieux que le seul fait de l’entendre ou de voir sa bannière leur enlevait leur capacité à combattre, tendre leurs arcs, lancer leurs flèches comme ils le faisaient auparavant » 35Thomas Basin, op. cit., Livre II, chap 1. p. 133/1187..

Une fois levé le siège d’Orléans, les français enlevèrent plusieurs places anglaises du val de Loire ; la bataille de Patay, le 18 Juin, décima les archers anglais et John Talbot (1387-1453) y fut fait prisonnier.

En Normandie, les anglais organisèrent un plan défensif et les garnisons et places furent renforcées mais nous ne savons pas quels furent les engagements de Pierre de St Maard cet été 1429.

Le 19 avril 1431 : Un acte de foi et hommage est enregistré en la cour des comptes à Paris pour la vicomté de Blosseville et autres fiefs.

Acte de foy et hommage du 19 avril 1431 fait en la Cour des comptes à Paris par Mre
pierre de Saint Mars pour la vicomté de Blosseville et autres fiefs. ADSM 1 ER 2193

En mai 1431, la cour des comptes arrête la somme à payer par Pierre de Saint-Maard pour purger sa dette du XIII ème (treizième) qui est une taxe prélevée sur les mutations foncières : 

« veues les lettres royaulx impétrées36Impétrer. v act. Obtenir quelque grâce, faveur, don. Antoine Furetière 1619-1688). Dictionnaire universel. 1690. 3 T, accès via Gallica. par messire Pierre de Saint-Maard, chevalier ensemble sa requeste civile et une certification de Guillaume Campion37Probablement celui qui acheta le fief de Bliquetuit puis en fut dessaisi par le roi (cf., ci dessous)...lieutenant de Jehan Petit, vicomte de Rouen faite le 28 février 1416, ils consentent que led. messire Pierre au nom quel requiert soit tenu quitte et paisible du XIII ème dont mention y est faitte en payant au trésor du roy la somme de 92 livres parisis par tout de ce qu’il peut devoir à cause dud. XIIIème.

Le 5 janvier 143538ADSM, registre 2 E1/125, vue 59 et Minutes 2 E1/178, vues 475-476. le noble homme Richard de Walles39Bailli d Evreux  (1425-29) et de Caen (1430-31), capitaine d’Evreux (1426-29), puis de Conches (1426-28) in Marie-José Arsenieff et Marie-Christiane de La Conté. Gallia regia ou Etat des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515 : index des noms de personnes de la Normandie / établi aux Archives départementales de la Seine-Maritime. En libre accès ADSM 944. 202 5 ARS. Walles, p. 106. Dans une lettre du 27 janvier 1428 (n.s) Richard Walles, bailli d’Evreux prévient Bedford que les français ont pris la Ferté St Bernard (British Museum, add chart. n°3613, in Documents inédits pour servir à l’histoire de la guerre de cent ans dans le Maine de 1424 à 1452. Joubert A in Revue historique et archéologique du Maine. 1899, p. 259-260. On le trouve également sous les noms de Richard Walter ou Wardel.écuyer anglais qui avait été Bailli d’Evreux puis de Caen, était porteur d’un mandement du roi concernant le fief de Mauconduit assis à Bliquetuit40L’orthographe varie dans le manuscrit Blicquetuit ou Blaquetuit. La localisation, à cause de la seigneurerie de Beaumesnil en Ouche en suivant J. Béranger (cf., ci-dessous) correspondrait à l’ancienne commune de Montaure (Canton de Pont de l’Arche) devenue Terres de Bord en 2017. dépendant de la vicomté de Pont-AudemerPont-Authou41J. Béranger. Baronnie de Mauny, état des fiefs de la vicomté de Pont-Audemer au commencement du XVI ème siècle in Mélanges ; documents de la Société de l’histoire de Normandie. VII ème série. 1907, p. 224-239. Correspond au manuscrit N° 1199, Fonds des nouvelles acquisitions de la B N.. On comprend que Guillaume Campion42Il s’agit possiblement de Guillaume Campion promu un temps par Henri V vicomte à Arques (Rôle N. N°840 le 25 juin 1820). Est-ce le même Guillaume Campion qui est cité dans l’arrêt de la cour des comptes de 1431 pour purger la dette de l’impôt du treizième due par Pierre de St Maard ? , alors vicomte de Conches, avait acheté ce fief à Pierre de St Maard, lequel avait assorti cette vente d’une condition de rachat. Le dit Guillaume Campion s’étant « absout de l’obéissance au Roi et restant avec les ennemis d’icellui », le fief était revenu en la main du roi. Richard Walles par cet acte le rétrocèdait alors à Pierre de St Maard.

Le 28 avril 143543ADSM, 2 E1 / 179, vue 36/488 Pierre de St Maard « baille à fieffé » à « Jean LeF…natif de la Gaillarde et demeurant présentement en la paroisse St Maclou de Rouen » un moulin à grains à la Gaillarde appartenant à son fief noble d’Iclon, moyennant une rente annuelle de 10 sols tournois.

Le 19 octobre 143544ADSM : 2 E1/179, vues 273-274 / 488 et Charles de Beaurepaire. L’état des campagnes de la  Haute Normandie dans les derniers temps du moyen âge. Evreux, 1865, p. 170/442. comme Pierre de St Maard « eut vendu à noble homme sire Jean Le Goupil seigneur du Mesnildot et de Milleville cinquante quatre livres de rente à vie » ne pouvant régler la rente et les arrérages se montant à 212 livres tournois, il lui céda le quart de fief de Béthencourt assis à St Aubin sur Mer et à Flainville, sous condition de rachat pendant 1 an. Jean le Goupil 45Inventaire de Pierre Surreau, op.cit.,p.164/444.était général-maître des monnaies pour Henry VI.

Le 17 novembre 1435, Charles Desmarets (1400-1485)46Le patronyme est variable, Charles des Mares, Marès, Marest, Marestz, Marais, Marets, Charlot du Marêts.La date de naissance est incertaine, son premier fait d’armes datant de 1415, il est probablement né avant 1400 : AD47 48De Grattier $. Notice sur Charles des Marets. Mémoire de la société des antiquaires de Picardie. 1858. Deuxième série, tome V, pp 61-84. via Gallica. L’amiral de Graville lui succédant comme capitaine de la ville et du château de Dieppe en 1485 donne une indication pour le décès. in André Boudier. Charles Desmarets, corsaire dieppois. Documents inédits de 1445. Revue Historique, T 137, fasc 1 (1921) p.32-48 semble plus cohérente , l’ancien capitaine de la ville, et Jean de Rieux eurent l’audace de reprendre Dieppe aux anglais. « tout environ de trois à quatre cents combattants de guerre, par le moyen de Charles des mares ou a son entreprise allèrent le vendredi d’avant la Toussaint pour écheller la forte ville de Dieppe séant sur la mer en moult fort lieu au pays de Caux… ».

Pierre de Saint Maard était avec les anglais à défendre Dieppe…«  si y estoit comme lieutenant du capitaine un nommé Mortemer, qui s’enfuy avec plusieurs aultres. Et y fu prins  le seigneur de Blosseville. Et à la première venue, n’y furent morts que trois ou quatre Anglois de la garnison, mais plusieurs y fussent prins, c’estassavoir de ceux qui plus fort avoient tenu la partie des Anglois….»49Monstrelet  op.cit.,Tome V, 1861, p. 199-200. A noter que cette version comporte une coquille « Boisseville » au lieu de Blosseville.

« Et y fut prisonnier le seigneur de Blofeville » (lignes 2-3). Cet extrait rapporte la capture de Pierre de Saint- Maard le 17 novembre 1435.
Le second (-tiers) volume de Enguerran de Monstrelet (1400-1444). 1503. Bibliothèque Mazarine, Inc 1025-2. vue 267/705, col. gauche, via Biblissima.

Ce coup d’éclat donna le signal au rassemblement de cinq à six mille hommes, majoritairement du pays de Caux qui s’en allèrent rapidement libérer Fécamp, Montivilliers,Tancarville et autres places fortes, seules Arques et Caudebec restèrent sous domination anglaise. 

Pour sa liberté, Pierre de Saint-Maard dut payer une rançon. Les minutes du tabellionage ont la mémoire de trois actes réalisés le même jour avec cet objectif.50ADSM, 2 E1/179, vues 408-411. Les minutes sont à la date du 8 février 1435 (a.s).

Le premier acte est une vente de rentes pour une somme de 400 livres tournois à « Roger Mustel, vicomte de l’eau »51Il a été nommé en 1418 et fut membre du conseil de la ville de Rouen le 1er Janvier 1419 (Rôle N., N°1212). Troisième signataire de la charte au Roi Henry VI le 2 décembre 1444 in A Chéruel. Histoire de Rouen sous la domination anglaise. 1840, reprint Slatkine, 1976, fac similé via Gallica, somme devant exclusivement servir à « racheter son corps des prisons des ennemis et adversaires du roi »52Ce contrat sera reconsidéré par Jean I de St Maard et Jehan et Rogerin de Mustel, les fils de Roger  le 14 mars 1458 (a.s.) ADSM, 2 E 1/ 188, vues 637-638..

Le second est la vente du fief de Mauconduit assis en la paroisse de Bliquetuit tenu du roi à cause de la seigneurerie de Beaumesnil (cf., ci-dessus) « pour raison de lui aider à racheter son corps qui prisonnier est aux adversaires du Roi notre S., le dit  étant à Dieppe ». L’acheteur est Jehan Vasse53Cet orfèvre Jean Vasse donne quittance de 47 livres 10 sol pour la vente d’un drageur d’argent, véré et émaillé pesant 5 marcs au Duc de Bedford le 17 novembre 1431. M de Beaurepaire : Notes diverses. in Bulletin de la commission des antiquités de la Seine Inférieure. Tome XIII. 1903-1905 publié en 1906, p. 160-161. via Gallica., « orfèvre bourgeois demeurant en paroisse saint Candé le Jeune de Rouen » pour « cinq cent saluts d’or ». Nous retrouvons mentionné le noble Jean de Caux (cf., ci-dessus), car Pierre de St Maard lui avait baillé ce fief dont il dut se désister pour que la vente soit possible.

Le troisième acte concerne à nouveau Jean Le Goupil, seigneur de Mesnildot et Milleville, qui achète une rente de 200 l.t à Pierre de St Maard destinée à « racheter son corps des prisons des adversaires du roi ».

Le  3 juillet 143654ADSM : registre 2 E1/76 vue 129 et minutes  2 E1 /180, vues 111-112., il n’est plus question de rançon : Pierre de St Maard échange avec Jean Vasse le quart du fief noble nommé « de Criquetot le Mauconduit assis au dit lieu et s’étendant sur les paroisses de Vinnemerville, Saint Martin aux Buneaux et environ » contre « le fief de Mauconduit, assis en les paroisses de  Bliquetuit et environnantes », qu’ainsi il récupère (cf., ci-dessus).

Arques était restée anglaise. Pierre de Saint-Maard y demeurait, et son fils Jean de Saint Maard y naquit en 1436 à l’hôtel de Pierre aux Coullombs, lequel était le premier avocat du roi au bailliage de Caux.55Pierre aux Coullombs ou Coulombs : cf, lettres de provision d’office de premier avocat du roi au baillage de Caux en sa faveur le 9 mars 1419 (n.s.) (Mémoriaux B Pâris, Tome I, Dom. Lenoir V 3, p. 306, N° 23.318. Il décéda au début 1446 ; son office fut « donné » pour 50 livres par an à Roger de Normanville (Mémoriaux B. Pâris, Tome II, p. 73, Dom Lenoir,  V4, p. 185, N° 29.045, en date du 15 février 1446 (n.s.).

Jean de Saint-Maard fut baptisé par Guillaume de Boscgarin, vicaire de Notre Dame d’Arques. Ses parrains étaient Jehan Martel, prêtre trésorier de la collégiale de Charlemesnil et Jehan de Montgommery, anglais et bailli de Caux56Jehan de Montgomery est bailli de Caux de 1430-1437, a été capitaine d’Arques et le redevient de 1433 à 1441 in Gustave Dupont-Ferrier.  « Gallia regia » ou Etat des officiers royaux des baillages et des sénéchaussées de 1328 à 1515. Bibliothèque Nationale. 1942. 5 tomes. ADSM : 347.44 DUP. « Au dit baptême avoit belle et honorable compagnie de gens de bonne et grande autorité ».

En 1438, John Talbot avait l’objectif de reprendre les places dont les cauchois avaient chassé les anglais lors de leur mouvement de révolte de 1435. La quittance (ci-dessous) signée par Pierre de Saint Maard le 8 juin 1438 atteste qu’il était au service de Talbot.  « sachent tous que Nous pierre de Saint Maard chevalier baron de bloceville confessons avoir reçu de pierre Baille, receveur général de normandie la somme de quatre vingt livres tournois que le Roi notre sire nous a donné pour le  servir en compagnie de deux archers sous le commandement de messire de Talbot…pour le recouvrement de plusieurs places du pays de Caux...».

Quittance signée de Pierre de St Maard le huit juin 1438.
Ms.29245 (P.O.2761). 61646. folio 80/194.Portail Biblissima
Pierre de Saint Maart, chlr (chevalier), baron de Blosseville (bloceville). Extrait de la première ligne ci-dessus
Ms.29245 (P.O.2761). 61646. folio 80/194. Portail Biblissima.

A l’automne 1442, Talbot réunit un millier d’hommes qui partirent de Caudebec, passèrent par Arques et débutèrent le siège de Dieppe57Valérie Toureille. Le siège de Dieppe (2 novembre 1442-15 août 1443) : un épisode de la reconquête française de la Normandie. in La guerre en Normandie XI ème -XVème siècle Anne Curry, Véronique Gazeau Ed. Presses universitaires de Caen. 2020 p. 231-245.le 2 novembre. Face à eux Charles Desmarets et ses hommes résistèrent sous le pilonnage. En 1443, l’armée du dauphin (le futur Louis XI ), partie de Poitiers via Amiens, Abbeville et Eu, parvint jusqu’à Dieppe et le 10 Août donna l’assaut à la bastille construite par les anglais. Nous ne savons pas si Pierre de Saint-Maard fit partie de cette tentative anglaise.


« comment le siège fut mis par les angloys devant dyeppe et levé vaillamment par monseigneur le daulphin ».
Date de fabrication 1484 à Paris. Texte de Martial d’Auvergne (1430-1508) : Les vigiles de la mort de Charles VII.
Le siège de Dieppe : BnF, département des manuscrits français N°5054 f.124v. via Biblissima

En 1447, Pierre de Saint Maard vivait à Rouen58Mémoriaux, B. Pâris, T V p. 246-247, Dom Lenoir V11, N° 20111 p. 27-28, informations de Léonard Lambert, lieutenant général de la vicomté d’Arques, du 11 Janvier 1471. « à l’hôtel où pend l’enseigne de la Rose en la paroisse de St Candé le Jeune ». Il y décéda en 1449. Nous ignorons la date. A-t-il connu la défaite des anglais ? Rouen fut délivrée des anglais le 22 octobre 1449. Le duc de Somerset qui avait replié son gouvernement sur Caen capitula le 1er août 1450 et la dernière place anglaise, Cherbourg, ne résista pas à un bombardement d’artillerie et ouvrit ses portes le 12 août : la Normandie redevint française59Jean Favier. La Tourmente in Histoire de la Normandie, sous la direction de Michel de Bouard, p. 219-243/540. Ed. Privat, 1970..

Pour connaître l’état des biens de Pierre de St Maard à son décès, nous pouvons considérer la liste des droits de patronage et des fiefs dressée pour la mise en garde-noble de son fils Jean60Mémoriaux, B. Pâris, T IV, p. 281-282 : Dom Lenoir, V9, p. 232-233, N° 19.879.: « (a) droit de présenter à la petite portion61Petite portion : terme relatif au droit de patronage quand il était réparti entre plusieurs. d’Avremesnil, (b) à la chapelle du Mesnillet à cause du fief du Mesnillet (St Pierre le Vieil)62Quand nécessaire, la localisation a été précisée entre parenthèses, selon Beaucousin A : registre des fiefs et arrières-fiefs du Baillage de Caux en 1503. Rouen, Lestringant, 1891, 326p. Bénesville p. 237 ; Caudecoste p. 86,169,171 ; Maisonchelle p. 170 ; Mesnillet p. 138. mais la chapelle est démolie, (c) droit de présenter à la cure d’Yquelon (Iclon) à cause du fief d’ Iclon relevant de l’abbaye de Fécamp,(d), le fief de Montmorencv et celui de Lintot sis à Avremesnil valaient 252 livres 19 sols 3 deniers et ne valent plus que 20 livres, (e) le fief de Montmorency, plein fief relevant de la couronne (Arques) s’étend sur Avremesnil, Blosseville et environ, (f) le fief de Lintot, tenu de N. de Hacqueville ? à cause de la baronnie d’Auffay, s’étend sur Avremesnil, Blosseville et environ, (g) les revenus de la vicomté de Blosseville s’étendant par St. Nicolas de Veules, Blosseville, la Chapelle sur Dun, y compris la Sergenterie du Val de Dun, (h) le fief de Sassetot tenu du comte de Maulévrier, (i) le fief de Bénesville (canton de Doudeville), tenu du comte d’Eu, (j) le fief de Saint-Maard, sis au dit lieu, tenu du comte de Longueville, (k) le fief de Mesonchelles (Maisonchelle, hameau d’Avesne), près Caudecoste (Avesne, canton d’Envermeu) tenu du comte d’Eu par 1/8ème de fief ».

A l’issue de ce recensement de documents, nous savons que toute la vie militaire de Pierre de Saint-Maard s’est déroulée avec constance dans le camp anglais. Ses lieux d’habitation (Arques puis Rouen) sont également restés anglais jusqu’à la fin de sa vie. Nous manquons d’informations concernant son épouse : nous ne savons pas les raisons d’une telle union alors que le père de Blanche était mort à Azincourt et d’autres parents de la « future belle-famille » avaient perdu la vie à cause des anglais ; nous ignorons quand il fut veuf.

Le parcours de Pierre de Saint-Maard est l’exact contraire de son contemporain, André (Andrieu) de Rambures (1395-1454) qui fut de toutes les batailles contre les anglais et dont les biens furent confisqués par les rois d’Angleterre, notamment le fief du Bourg Dun s’étendant à Blosseville.

Le fils de Pierre, Jean de Saint-Maard (1436-1485), sera un fidèle serviteur du fils de Charles VII, à savoir Louis XI, une toute autre histoire…

Références

  • 1
    Nous adoptons pour les dates le nouveau style (n.s.) afin que la chronologie soit plus explicite. En effet, à l’époque le calendrier allait de Pâques à Pâques ; ainsi Janvier 1412 succédait à Novembre 1412. Cette orthographe Maard a été choisie parmi toutes les variantes rencontrées Mars, Mards, Marc, Maart, Maards…, considérant qu’elle était la plus souvent adoptée par les intéressés eux-mêmes.
  • 2
    Bertrand Pâris. La famille de Saint-Maard (1300-1600). Rouen 2004, 16p. ADSM BR 649. Bertrand Pâris. Jehan de Saint-Maard, vicomte de Blosseville in Bulletin de la Société des antiquaires de normandie, tome LXVI, 2004-2007, p. 359-375.
  • 3
    B. Pâris : Mémoriaux de la chambre des comptes de Normandie (XIVe-XIIè) de Dom Lenoir, Editions Généalogiques de la Voûte. Tomes 1 à 12. ADSM 944.202 5 PAR. Pour la suite, Mémoriaux, B. Pâris, suivi du Tome, p. et de la référence à Dom Lenoir.
  • 4
    Rôles normands et français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny. in Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie. 3 ème série, 3 ème volume, XXVIII de la collection. Paris, Septembre 1865. L’orthographe est maintenue à l’exception de l’ajout des accents pour une meilleure lecture. Pour la suite : Rôles N. suivi du ou des numéros (N°).
  • 5
    Mémoriaux, B. Pâris, TII, p184-185 ; Dom Lenoir V5, p 227-278, n° 19.386. Informations de l’enquête du 5 Octobre 1419. Tome VIII, p 263 ; Dom Lenoir V16, p 221-230 N° 45.488.  du 11 janvier 1412.
  • 6
    Ce Jehan de St Maard est possiblement celui qui fut prisonnier des anglais en Juillet 1418 (Rôle N., N° 1174) et/ou, selon des lettres (Rouen) d’Henri VI en mars 1423 (n.s.), fut dépossédé de ses biens octroyés à John Fastolf, chevalier, grand maitre de l’hôtel du Duc de Bedford (cf., Mémoriaux B. Pâris, TI, p. 209 ; Dom Lenoir, V3, p. 316, N° 23.659.
  • 7
    sousagés : mineurs jusqu’à l’âge de 22 ans selon R. Boimare. Ordonnances de l’Echiquier de Normandie aux XIV ème et XV ème siècle. Index-glossaire. 1932. 48p.
  • 8
    Philippe Contamine. Azincourt. Folio histoire. Ed 2013, 246 p.
  • 9
    Georges Minois. La guerre de cent ans. Editions Perrin, (Tempus), Ed 2016, 804 p. ; La victoire incomplète des Lancastre, 367- 417.
  • 10
    Anne Curry. Les villes normandes et l’occupation anglaise ; l’importance du siège de Rouen (1418-1419) in Les villes normandes au moyen âge : Pierre Bouet et François Neveux. Presses Universitaires de Caen, Caen, 2006, p. 109-124.
  • 11
    ou Gui le  Boutiller : noble cauchois au service de Jean sans Peur, «  qui auparavant estoit capitaine de Rouen se rendit anglois et fit serement au roy d’Angletere …. ». La chronique d’Enguerran de Monstrelet  (1400-1444) publiée par la Société de l’histoire de France par L. Drouët-D’Arcq, Paris chez Mme Ve Jules Renouard. Tome III (1414-1420), 1859, p. 308-309.
  • 12
    Anne Curry : La Normandie au XV ème siècle : l’occupation militaire d’Henri V et le contrôle des garnisons. in La guerre en Normandie (XI-XV ème siècle) Anne Curry et Véronique Gazeau Eds. p. 179-193. Presses Universitaires de Caen, 2018. Open Edition Books 2020.
  • 13
    Acte entre Pierre de St Maard et Guillaume de Hocqueville : ADSM  Rouen, répertoire 2E1/69, vue 853 ; minutes :  2 E1/167, vues 377 dernier paragraphe, voir quatrième ligne -378.
  • 14
    Rôles N. N° 1227 et 1229.
  • 15
    Rôle N. N° 300, vue 61/659. Adaptation de l’orthographe.
  • 16
    Rôle N. N° 319, vue 65-66/659.
  • 17
    Rôle N. N° 329, vue 69/659. Bréquigny qui a vu les originaux, mentionne Boscqueville comme une des orthographes.
  • 18
    Mémoriaux, B. Pâris, TII, p. 184-185 ; Dom Lenoir V5, p. 227-278, n° 19.386.
  • 19
    ADSM 1ER 2194, copie effectuée à la requête de Guillaume de St Maard son arrière petit-fils et Rôles N. N° 1227 et 1229 du 10 et 12 février 1419.
  • 20
    La chronique d’Enguerran de Monstrelet  (1400-1444) publiée par la Société de l’histoire de France par L. Drouët-D’Arcq, Paris chez Mme Ve Jules Renouard. Tome III (1414-1420), p. 337-338,1859. Orthographe adaptée.
  • 21
    Rôle N. N° 783 du 20 mars 1420.
  • 22
    G. Minois, op. cit.
  • 23
    Charles de Beaurepaire. Administration de la Normandie sous la domination anglaise (1424-1425-1429) in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie 3 ème série, 4 ème volume, Décembre 1861, p. 170-230, voir p. 205.
  • 24
    Extraits de Thomas Basin (1414, Caudebec en caux – 1491, Utrecht) : Histoire de Charles VII et Louis XI,  Livre II, chapitre 1, p. 102-104/1187 et chapitre 6 p. 115-119. Ed J. Blanchard, F. Collard, Y. de Kisch. Coll AGORA. 2018 Pocket.
  • 25
    Mémoriaux, B. Pâris, T1, Dom Lenoir V3, N° 24.876 p. 372.
  • 26
    Mémoriaux, B. Pâris,T II, p. 401, Dom Lenoir V5, p.317-318, N° 19.447-8 : Informations du 30 octobre 1425, de Rouen, Michel du Mont, lieutenant et Michel Durant, vicomte. Voir aussi le 22 septembre 1425 in B. Pâris T V, p. 82, Dom Lenoir V10, N° 24.275 p. 133. Information indirecte car ce contrat reste à trouver.
  • 27
    Mémoriaux, B. Pâris, Tome V p.85, Dom Lenoir. V10, N°24.607 p. 139. Sa mère était ainsi déchargée de la garde qui lui avait été baillée en 1419, moyennant 40 livres par an payables à la vicomté de Rouen.
  • 28
    Mémoriaux, B. Pâris, T XI. p. 172-173 ; Dom Lenoir V 22, p. 23, N° 5.129. Lettres de Paris du 8 juin 1426. Copie du 10 par Simon Morhier, esc.
  • 29
    Monstrelet : op. cit., Tome IV, p. 298-300 : début du siège d’Orléans et les circonstances de la blessure mortelle de Salisbury.
  • 30
    Charles de Beaurepaire. Administration de la Normandie sous la domination anglaise (1424-1425-1429) in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie 3 ème série, 4 ème volume, Décembre 1861, p. 170-230, voir p. 205.
  • 31
    Louis Jarry. Le compte de l’armée anglaise au siège d’Orléans (1428-1429). Orléans, 1892 pp 200-201/240 : détail des hommes engagés et les gages reçus par Pierre de St Maard et p. 224-25. L’orthographe a été adaptée pour un lecteur d’aujourd’hui…
  • 32
    Rôle N. N° 718 et in Albert Sarrazin : Jeanne d’Arc et la Normandie au XV ème siècle, Rouen 1892, p. 131-132 / 637.
  • 33
    Bibliothèque municipale de Rouen (Ms Leber-5691-2). Dimension : 9,2 x 27,7 cm
  • 34
    Inventaire de Pierre Surreau, receveur général de Normandie par Guillaume de la Fontaine, suivi du testament de Laurens Surreau, publié par J. Félix. Société de l’histoire de la Normandie. 1892, p. 164/444.
  • 35
    Thomas Basin, op. cit., Livre II, chap 1. p. 133/1187.
  • 36
    Impétrer. v act. Obtenir quelque grâce, faveur, don. Antoine Furetière 1619-1688). Dictionnaire universel. 1690. 3 T, accès via Gallica.
  • 37
    Probablement celui qui acheta le fief de Bliquetuit puis en fut dessaisi par le roi (cf., ci dessous).
  • 38
    ADSM, registre 2 E1/125, vue 59 et Minutes 2 E1/178, vues 475-476.
  • 39
    Bailli d Evreux  (1425-29) et de Caen (1430-31), capitaine d’Evreux (1426-29), puis de Conches (1426-28) in Marie-José Arsenieff et Marie-Christiane de La Conté. Gallia regia ou Etat des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515 : index des noms de personnes de la Normandie / établi aux Archives départementales de la Seine-Maritime. En libre accès ADSM 944. 202 5 ARS. Walles, p. 106. Dans une lettre du 27 janvier 1428 (n.s) Richard Walles, bailli d’Evreux prévient Bedford que les français ont pris la Ferté St Bernard (British Museum, add chart. n°3613, in Documents inédits pour servir à l’histoire de la guerre de cent ans dans le Maine de 1424 à 1452. Joubert A in Revue historique et archéologique du Maine. 1899, p. 259-260. On le trouve également sous les noms de Richard Walter ou Wardel.
  • 40
    L’orthographe varie dans le manuscrit Blicquetuit ou Blaquetuit. La localisation, à cause de la seigneurerie de Beaumesnil en Ouche en suivant J. Béranger (cf., ci-dessous) correspondrait à l’ancienne commune de Montaure (Canton de Pont de l’Arche) devenue Terres de Bord en 2017.
  • 41
    J. Béranger. Baronnie de Mauny, état des fiefs de la vicomté de Pont-Audemer au commencement du XVI ème siècle in Mélanges ; documents de la Société de l’histoire de Normandie. VII ème série. 1907, p. 224-239. Correspond au manuscrit N° 1199, Fonds des nouvelles acquisitions de la B N.
  • 42
    Il s’agit possiblement de Guillaume Campion promu un temps par Henri V vicomte à Arques (Rôle N. N°840 le 25 juin 1820). Est-ce le même Guillaume Campion qui est cité dans l’arrêt de la cour des comptes de 1431 pour purger la dette de l’impôt du treizième due par Pierre de St Maard ?
  • 43
    ADSM, 2 E1 / 179, vue 36/488
  • 44
    ADSM : 2 E1/179, vues 273-274 / 488 et Charles de Beaurepaire. L’état des campagnes de la  Haute Normandie dans les derniers temps du moyen âge. Evreux, 1865, p. 170/442.
  • 45
    Inventaire de Pierre Surreau, op.cit.,p.164/444.
  • 46
    Le patronyme est variable, Charles des Mares, Marès, Marest, Marestz, Marais, Marets, Charlot du Marêts.La date de naissance est incertaine, son premier fait d’armes datant de 1415, il est probablement né avant 1400 :
  • 47
  • 48
    De Grattier $. Notice sur Charles des Marets. Mémoire de la société des antiquaires de Picardie. 1858. Deuxième série, tome V, pp 61-84. via Gallica. L’amiral de Graville lui succédant comme capitaine de la ville et du château de Dieppe en 1485 donne une indication pour le décès. in André Boudier. Charles Desmarets, corsaire dieppois. Documents inédits de 1445. Revue Historique, T 137, fasc 1 (1921) p.32-48 semble plus cohérente 
  • 49
    Monstrelet  op.cit.,Tome V, 1861, p. 199-200. A noter que cette version comporte une coquille « Boisseville » au lieu de Blosseville.
  • 50
    ADSM, 2 E1/179, vues 408-411. Les minutes sont à la date du 8 février 1435 (a.s).
  • 51
    Il a été nommé en 1418 et fut membre du conseil de la ville de Rouen le 1er Janvier 1419 (Rôle N., N°1212). Troisième signataire de la charte au Roi Henry VI le 2 décembre 1444 in A Chéruel. Histoire de Rouen sous la domination anglaise. 1840, reprint Slatkine, 1976, fac similé via Gallica
  • 52
    Ce contrat sera reconsidéré par Jean I de St Maard et Jehan et Rogerin de Mustel, les fils de Roger  le 14 mars 1458 (a.s.) ADSM, 2 E 1/ 188, vues 637-638.
  • 53
    Cet orfèvre Jean Vasse donne quittance de 47 livres 10 sol pour la vente d’un drageur d’argent, véré et émaillé pesant 5 marcs au Duc de Bedford le 17 novembre 1431. M de Beaurepaire : Notes diverses. in Bulletin de la commission des antiquités de la Seine Inférieure. Tome XIII. 1903-1905 publié en 1906, p. 160-161. via Gallica.
  • 54
    ADSM : registre 2 E1/76 vue 129 et minutes  2 E1 /180, vues 111-112.
  • 55
    Pierre aux Coullombs ou Coulombs : cf, lettres de provision d’office de premier avocat du roi au baillage de Caux en sa faveur le 9 mars 1419 (n.s.) (Mémoriaux B Pâris, Tome I, Dom. Lenoir V 3, p. 306, N° 23.318. Il décéda au début 1446 ; son office fut « donné » pour 50 livres par an à Roger de Normanville (Mémoriaux B. Pâris, Tome II, p. 73, Dom Lenoir,  V4, p. 185, N° 29.045, en date du 15 février 1446 (n.s.).
  • 56
    Jehan de Montgomery est bailli de Caux de 1430-1437, a été capitaine d’Arques et le redevient de 1433 à 1441 in Gustave Dupont-Ferrier.  « Gallia regia » ou Etat des officiers royaux des baillages et des sénéchaussées de 1328 à 1515. Bibliothèque Nationale. 1942. 5 tomes. ADSM : 347.44 DUP
  • 57
    Valérie Toureille. Le siège de Dieppe (2 novembre 1442-15 août 1443) : un épisode de la reconquête française de la Normandie. in La guerre en Normandie XI ème -XVème siècle Anne Curry, Véronique Gazeau Ed. Presses universitaires de Caen. 2020 p. 231-245.
  • 58
    Mémoriaux, B. Pâris, T V p. 246-247, Dom Lenoir V11, N° 20111 p. 27-28, informations de Léonard Lambert, lieutenant général de la vicomté d’Arques, du 11 Janvier 1471.
  • 59
    Jean Favier. La Tourmente in Histoire de la Normandie, sous la direction de Michel de Bouard, p. 219-243/540. Ed. Privat, 1970.
  • 60
    Mémoriaux, B. Pâris, T IV, p. 281-282 : Dom Lenoir, V9, p. 232-233, N° 19.879.
  • 61
    Petite portion : terme relatif au droit de patronage quand il était réparti entre plusieurs.
  • 62
    Quand nécessaire, la localisation a été précisée entre parenthèses, selon Beaucousin A : registre des fiefs et arrières-fiefs du Baillage de Caux en 1503. Rouen, Lestringant, 1891, 326p. Bénesville p. 237 ; Caudecoste p. 86,169,171 ; Maisonchelle p. 170 ; Mesnillet p. 138.

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