Blosseville et les seigneurs du Bourg Dun

Ecu d’André de Rambures  » d’or à trois fasces de gueule » in J. de Morin. La généalogie de la très illustre maison de Rambures. 1631 p. 52/82.

Plusieurs générations d’une famille, les De Rambures ont tenu un fief dit du Bourg Dun qui n’était qu’une de leurs nombreuses possessions. 

La famille de Rambures tient son nom d’une commune de la Somme située à l’Est de Blangy sur Bresle. Aujourd’hui, le château de Rambures témoigne de la puissance passée de cette famille de Picardie.

Château de Rambures 80140 Rambures

Ce fief dit du Bourg Dun fief s’étendait à Blosseville, Saint Denis d’Aclon et Rouxmesnil-Bouteilles.

A ce titre, les De Rambures, seigneurs du Bourg Dun ont plusieurs fois revendiqué le droit de patronage sur l’église de Blosseville.

Il est arrivé, par décision royale, que les De Rambures soient privés de leurs biens. A ces occasions, d’autres personnages à qui ces biens avaient été octroyés, firent alors une incursion dans l’histoire de Blosseville.

André (Andrieu) de Rambures  (1395-1454), au contraire de Pierre de Saint Maard (1397-1449), son exact contemporain, fut résolument un adversaire des anglais qui gouvernaient la Normandie. En janvier 1419, Henry V roi d’Angleterre, était maître d’un territoire correspondant à l’actuelle Basse Normandie et allait rapidement conquérir le territoire correspondant à notre Haute Normandie. Trois semaines après Rouen, ce fut au tour de Dieppe de capituler le 8 février. Le 16 mars 1419, le fief détenu par André de Rambures fut octroyé à Guy le Bouteiller (1390-1438) comme il est décrit ci-dessous.

16 mars 1419. Rôles normands et français et autres pièces tirées des archives de Londres par Bréquigny. in Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie. XXVIII de la collection. Paris, 1865, vue 69/659. via Gallica

Guy le Bouteiller1Jean-Marc Roger a consacré une étude très complète à Guy le Bouteiller. 1 vol 1978 : extrait des actes du 101 congrès national des sociétés savantes (p 271-329). Lille, 1976. ADSM, BHB 503/13. tient son nom de la Bouteillerie, ancienne commune de Rouelles, proche du Havre. Il était un des capitaines de Rouen, au service des Bourguignons. A la capitulation de Rouen, il passa au service des Anglais. Il s’illustra tout particulièrement lors de l’assaut donné au château de la Roche-Guyon, amenant Henry V à lui octroyer le dit château2Rôle N. N° 783 du 20 mars 1420.en mars 1420

Sous la régence de Bedford, il fut l’un des deux commissaires de l’expédition qui via Vernon et Paris amena des vivres de la Normandie aux assiégeants anglais d’Orléans à la fin avril 1429. Chevalier, capitaine de dix hommes d’armes et de 30 archers, il faisait partie des 150 lances de la garde du Régent3Charles de Beaurepaire. Administration de la Normandie sous la domination anglaise in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie 3 ème série, 4 ème volume, Décembre 1861 p. 170-230 dont p. 226..

Il fut des seigneurs qui participèrent en 1431 au sacre du jeune Henri VI comme roi de France.

Le 10 juin 1435, de son château, il écrivait en sa « qualité de chevalier, seigneur de la Roche-Guyon, à cause de  notre terre et seigneurerie du Bourg Dun, à cause de notre fief de la Couronne, assis au Bailliage de Caux en la vicomté d’Arques ». L’objet de ce acte est le droit de patronage et de présentation à la cure de l’église de Blosseville (cf., ci-dessous). Il évoque les procès entre ses prédécesseurs et les religieux de Fécamp, le temps et le coût en écriture et enquête… Explicitement il atteste leur céder ses droits, demandant être accompagné « par les prières et bienfaits que font les religieux de jour et de nuit en leur église de Fécamp et ailleurs en maintes places et églises ».

Guy le Bouteiller, seigneur de la Roche-Guyon, seigneur du Bourg Dun, cède ses droits sur l’église de Blosseville (patronage et présentation) aux religieux de Fécamp le 10 juin 1435. Cette copie du début de l’acte authentique a été rédigée le 23 juin 1702. ADSM, 7H25.

Guy le Bouteiller mourut en son château de la Roche-Guyon en 1438. Ajoutons qu’il fut le commanditaire d’un ouvrage exceptionnel le livre du Chastel de Labour, orné de miniatures représentant le château de la Roche-Guyon réalisées par le Maître de Falstof et probablement offert à son épouse Catherine de Gavre (ouvrage offert en 1944 par la famille Widener à la Free Library de Philadelphie, publié en fac similé en 2005).

Références chronologiques

Né vers 1395, il était le fils de David de Rambures mort en 1415 à Azincourt et de Catherine d’Auxy, dame de Dompierre. André a perdu ses frères (Jean, Hugues, Philippe) à Azincourt4Anselme de Sainte-Marie (1625-1694). Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume, continuée par M du Fourny (1726-1733). Tome 8. 3 ème ed. Paris 1733. p. 67/1061..

14 avril 1407/17 : Contrat de mariage5AD Somme 45 J 3/1.d’André de Rambures avec Péronne de Créquy.

14 mars 1423. La seigneurie de Dampierre6Actes de la chancellerie d’Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise (1422-1435). Paul le Cacheux 1907-1909,Tome II, p.315/436., 7Dampierre en Bray, « chastellenye de Gournay » in A. Beaucousin. Registre des fiefs et arrières fiefs du Baillage de Caux en 1503. Rouen, Lestringant, 1891, p.47/ 326.bailliage de Caux, confisquée sur le sire de Rambures est à Nicolas Burdette, écuyer, grand bouteiller de Normandie : 100 écus de revenu.

André (Andrieu) de Rambures (1395-1454) est cité à plusieurs reprises dans la chronique de Monstrelet8La chronique d’Enguerran de Monstrelet  (1400-1444) publiée par la Société de l’histoire de France par L. Drouët-D’Arcq, Paris chez Mme Ve Jules Renouard. Tome IV, 1860, voir pages 196-197, 367, 370.  car il fut présent à nombreux combats.

Il se battit à Verneuil (Eure); Bedford, victorieux le 17 Août 1424, l’épargna.

Fin Avril 1429, il était aux côtés de Jeanne d’Arc à Orléans9Journal du siège d’Orléans, 1428-1420, publié par Paul Charpentier et Charles Cuissard. Orléans, 1896 p. 194/ 411. :«  a Mess. André, seigneur de Rambures, chevalier, capitaine de gens d’armes et de trait, (sur le payement de ses gens et pour l’entretenement d’iceulx au service dudit seigneur ), la somme de vixx livres tournois (120)  le dernier jour d’avril l’an 1429 qui du commandement et ordonnance du Roy notre sire leur a été payée et baillée par le dit trésorier ».

En septembre 1429, il prit la forteresse d’Etrepagny (Eure) mais dut négocier pour avoir la vie sauve lorsqu’il fallut rendre la place aux anglais. 

Capitaine d’Aumale, après avoir subi un siège de 24 jours, il se rendit au comte de Suffolk à l’été 1430 et passa plus de cinq années prisonnier en Angleterre. Pendant sa détention, les anglais qui occupaient son château de Rambures en furent chassés par Charles Desmarets qui, prenant ce château comme base arrière, lança plusieurs actions et notamment l’audacieuse reprise de Dieppe en 1435.10Seule évocation indirecte de Rambures dans la chronique de Thomas Basin : Histoire de Charles VII et Louis XI,  Livre III, chap. 5 p. 185. Ed J. Blanchard, F. Collard, Y. de Kisch. Coll AGORA. 2018 Pocket.

Il était à Dieppe en 1437-143811ADSM, G.505« a noble et puissant messire Andrieu, seigneur de Rambures, conseiller et chambellan du roy, ayant de par icellui seigneur l’administration et gouvernement des deniers yssans de la revenue de Dieppe…pour iceulx convertir et emploier à la réparaion, fortiffication et emparement de la dicte ville, 698 livres ».

Octobre 143712AD Somme : 45 J 4/11: Constitution d’une rente de 100 livres au profit de Jacques de Rambures, archidiacre de Dreux, son oncle.

En Août 1449, il participe à la reconquête de Pont-Audemer13Jean Chartier (1390-1464) : Chronique de Charles VII, roi de France. Tome 2, Edition par Vallet de Viriville, 1868. voir p. 86/346.. Son fils est adoubé à l’occasion de ce combat.

En 1453 et 145414La date du décès, le 28 décembre 1449, dans Anselme, op. cit., p. 67, n’est pas compatible avec ces actes. Pour les Archives de la Somme, en 45 J3, l’année du décès est 1453., les anglais ont été chassés, deux procurations15ADSM, G.4546 et G.8747 témoignent qu’il a retrouvé ses titres :« Procuration donnée par Richard de Saint-Morice, bailli du Bourg de Dun, pour messire Andrieu, sieur de Rambures, d’Ecouis et du Bourg de Dun » , « Procuration donnée à Jehannin de Saint-Morisse par son père, Richart de Saint-Morisse, bailli au Bourg-de-Dun pour Andrieu, sires de Rambures et du Bourg-de-Dun ».

Références

  • 1
    Jean-Marc Roger a consacré une étude très complète à Guy le Bouteiller. 1 vol 1978 : extrait des actes du 101 congrès national des sociétés savantes (p 271-329). Lille, 1976. ADSM, BHB 503/13. 
  • 2
    Rôle N. N° 783 du 20 mars 1420.
  • 3
    Charles de Beaurepaire. Administration de la Normandie sous la domination anglaise in Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie 3 ème série, 4 ème volume, Décembre 1861 p. 170-230 dont p. 226.
  • 4
    Anselme de Sainte-Marie (1625-1694). Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume, continuée par M du Fourny (1726-1733). Tome 8. 3 ème ed. Paris 1733. p. 67/1061.
  • 5
    AD Somme 45 J 3/1.
  • 6
    Actes de la chancellerie d’Henri VI concernant la Normandie sous la domination anglaise (1422-1435). Paul le Cacheux 1907-1909,Tome II, p.315/436.
  • 7
    Dampierre en Bray, « chastellenye de Gournay » in A. Beaucousin. Registre des fiefs et arrières fiefs du Baillage de Caux en 1503. Rouen, Lestringant, 1891, p.47/ 326.
  • 8
    La chronique d’Enguerran de Monstrelet  (1400-1444) publiée par la Société de l’histoire de France par L. Drouët-D’Arcq, Paris chez Mme Ve Jules Renouard. Tome IV, 1860, voir pages 196-197, 367, 370. 
  • 9
    Journal du siège d’Orléans, 1428-1420, publié par Paul Charpentier et Charles Cuissard. Orléans, 1896 p. 194/ 411.
  • 10
    Seule évocation indirecte de Rambures dans la chronique de Thomas Basin : Histoire de Charles VII et Louis XI,  Livre III, chap. 5 p. 185. Ed J. Blanchard, F. Collard, Y. de Kisch. Coll AGORA. 2018 Pocket.
  • 11
    ADSM, G.505
  • 12
    AD Somme : 45 J 4/11
  • 13
    Jean Chartier (1390-1464) : Chronique de Charles VII, roi de France. Tome 2, Edition par Vallet de Viriville, 1868. voir p. 86/346.
  • 14
    La date du décès, le 28 décembre 1449, dans Anselme, op. cit., p. 67, n’est pas compatible avec ces actes. Pour les Archives de la Somme, en 45 J3, l’année du décès est 1453.
  • 15
    ADSM, G.4546 et G.8747

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