Ste Marguerite d’Antioche

Nous voyons une jeune femme richement vêtue, dont les longs cheveux ondulent en descendant jusqu’aux bas des reins. Une hideuse créature tourne sa tête vers elle et déploie du côté droit une grande aile membraneuse qui monte jusqu’à se confondre avec les plis de la robe. Cette association avec un dragon est fortement évocatrice de  Marguerite d’Antioche (Syrie historique, actuelle Antakya, Turquie) dont la réalité historique 1Gélase 1er Pape (492-496) avait déclaré apocryphe les actes de Sainte Marguerite et depuis Vatican II, Marguerite d’Antioche n’est plus fêtée dans la liturgie romaine. paraît bien ténue en comparaison de la popularité de la légende.

Marguerite et le préfet Olibrius2Les citations ci dessous sont issues de Jacques de Voragine :  La légende dorée (deuxième moitié du XIII ème siècle), édition annotée. La Pléiade, 2004, chapitre 89. 3Parmi les sources antérieures à Voragine, il faut citer Wace (1100-1183), poète, écrivain normand, qui a écrit une vie de Sainte Marguerite. L’édition par A. Joly de 1879, 179 p. est accessible via Gallica et permet de lire différentes variantes poétiques ou en prose. A titre d’anecdote, le préfet y est nommé Olibrius, Olybrius ou Olimbrius. Une nouvelle édition critique de cette oeuvre par Hans-Erich Keller date de 2012, De Gruyter Ed. 

Cette légende est située au troisième siècle à Antioche.

« elle fut confiée à une nourrice.. et parvenue à l’âge adulte elle fut baptisée… alors qu’elle avait atteint l’âge de quinze ans…elle gardait les brebis quand le préfet Olibrius passa par là…Quand elle eut été amenée devant lui, il s’enquit de ses origines. Elle répondit que sa naissance était noble, que son nom était Marguerite et que sa religion était celle des chrétiens.. ». Comme Marguerite ne voulut pas renier sa foi, « …elle fut frappée… « avec des peignes de fer et si cruellement que ses os étaient à nu et que le sang coulait de son corps comme de la source la plus pure… »..

Marguerite et le dragon

Quand elle fut dans son cachot, elle pria le Seigneur de lui montrer sous une forme visible l’ennemi qu’elle combattait : et voilà qu’apparut un très monstrueux dragon. Comme il s’avançait pour la dévorer elle fit un signe de croix et il disparut ou bien comme on lit ailleurs4Voragine se réfère à Barthélémy de Trente (1190-1251) : Liber epilogorum in gesta sanctorum est le recueil d’environ 200 notices de saints rédigées vers 1245. https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb12468115m il posa sa gueule sur sa tête et sa langue sur son talon et l’engloutit aussitôt ; mais pendant qu’il voulait l’avaler, elle s’arma du signe de la croix ; la vertu de la croix fit éclater le dragon et la vierge en sortit indemne ». 

Voragine ajoute «  mais ce qu’on raconte du dragon qui la dévora et la manière dont il éclata est considéré comme apocryphe et frivole.. ». D’ailleurs, dans un autre récit, le « démon » prend une forme humaine afin de tromper Marguerite.

Le martyre de Marguerite

Parmi les nombreux sévices subis, « elle fut brulée profondément avec des torches enflammées..puis jeter dans un bassin plein d’eau…mais soudain la terre trembla…et la jeune fille sortit indemne..». Mme Chaignet-Sortais5Bernadette Chaignet-Sortais. L’église saint-Martin de Blosseville sur Mer. Blosseville Histoire Vivante, 2021. fait observer que la statue de Blosseville dans les plis de son vêtement tient une torche enflammée qui rappelle le martyre.

Avant son trépas « le bourreau trancha d’un seul coup la tête de Marguerite… », les derniers mots attribués à Marguerite sont que « toute femme qui serait en danger accoucherait sans dommage si elle l’invoquait ». On comprend alors son invocation par les futures accouchées, invocation qui fut fréquente en Seine-Maritime6Hippolyte Gancel. Les saints qui guérissent en Normandie. Tome 2. 2003, Editions Ouest France : pp 48-50/124..

Evocation de Sainte Marguerite

Nous pouvons signaler dans l’environnement proche, sur la commune de La Gaillarde, la chapelle Sainte Marguerite du Dun datant du XI ème siècle et la commune de Sainte Marguerite sur Mer dont les anciennes cartes illustrent qu’elle fut auparavant Quièvremont (le mont aux chèvres) puis Sainte Marguerite de Quièvremont jusqu’à la fin du XVIII ème siècle.

Références

  • 1
    Gélase 1er Pape (492-496) avait déclaré apocryphe les actes de Sainte Marguerite et depuis Vatican II, Marguerite d’Antioche n’est plus fêtée dans la liturgie romaine.
  • 2
    Les citations ci dessous sont issues de Jacques de Voragine :  La légende dorée (deuxième moitié du XIII ème siècle), édition annotée. La Pléiade, 2004, chapitre 89.
  • 3
    Parmi les sources antérieures à Voragine, il faut citer Wace (1100-1183), poète, écrivain normand, qui a écrit une vie de Sainte Marguerite. L’édition par A. Joly de 1879, 179 p. est accessible via Gallica et permet de lire différentes variantes poétiques ou en prose. A titre d’anecdote, le préfet y est nommé Olibrius, Olybrius ou Olimbrius. Une nouvelle édition critique de cette oeuvre par Hans-Erich Keller date de 2012, De Gruyter Ed. 
  • 4
    Voragine se réfère à Barthélémy de Trente (1190-1251) : Liber epilogorum in gesta sanctorum est le recueil d’environ 200 notices de saints rédigées vers 1245. https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb12468115m
  • 5
    Bernadette Chaignet-Sortais. L’église saint-Martin de Blosseville sur Mer. Blosseville Histoire Vivante, 2021.
  • 6
    Hippolyte Gancel. Les saints qui guérissent en Normandie. Tome 2. 2003, Editions Ouest France : pp 48-50/124.

Laisser un commentaire