Sainte Apolline

Statue en bois du XVIè, à l’origine polychrome, recouverte d’un badigeon blanc. Le visage peint au naturel semble celui d’une jeune fille, tenant un livre de la main droite et une demi-tenaille dans la main gauche. 

Le récit historique le plus fidèle est dans une lettre adressée peu de temps après les faits par l’évêque Denys d’Alexandrie (père de l’église, mort en 264) à l’évêque Fabien d’Antioche (Syrie historique, Antakya, Turquie). Cette lettre est connue grâce à Eusèbe de Césarée auteur d’une histoire ecclésiastique1Eusèbe de Césarée (265-340). Histoire ecclésiastique. Texte grec et traduction française par E. Grapin, Livres V-VIII, Paris 1911, Librairie Picard. Livre VI, chapitre 41, p 257-259.  cf Gallica écrite au début du IVème siècle. Y sont racontés les combats des martyrs d’Alexandrie sous le règne de Dèce au cours de l’an 259. « Il souleva et excita contre nous la foule des païens… ». Après la description d’une scène de pillage des maisons habités par les chrétiens « … ils se saisirent aussi d’Apollonie, vierge très digne d’admiration et d’un grand âge ; ils lui firent tomber toutes les dents en lui frappant les mâchoires, puis ils construisirent un bûcher devant la ville et la menacèrent de l’y jeter vivante si elle ne prononçait pas avec eux les formules de l’impiété. Elle s’en excusa brièvement puis offrant son sacrifice elle s’élança vivement dans le feu et y fut consumée ». 

Saint Apolline

C’est la première traduction en latin par Rufin d’Aquilée (345-411) qui en modifiant notablement le récit originel « ils lui arrachèrent d’abord toutes les dents » va justifier l’ajout ultérieur des tenailles dans les statues et peintures. De nombreux récits et poèmes vont transformer et populariser sa représentation en jeune fille belle et noble, voire d’ascendance royale. 

La fréquence des maux de dents, des premières de l’enfant aux dernières de l’adulte et les modalités médiévales de l’extraction dentaire expliquent la popularité de cette sainte2ApollineTrioulaire. Sainte Apolline, réalité du martyre et utopie de la légende, Thèse de chirurgie dentaire. Nancy, 2013. Sainte Apolline, patronne des dentistes et de ceux qui ont mal aux dents. L’Harmattan 2014, 167p. dont l’invocation suffirait à apaiser de telles douleurs.

Il est ainsi toujours possible d’observer des rubans de couleur accrochés aux poignets de la sainte ou aux tenailles à Blosseville comme dans plusieurs églises ou chapelles du pays de Caux3Hippolyte Gancel. Les saints qui guérissent en Normandie. Ed. Ouest-France. 2020, 256p..

Références

  • 1
    Eusèbe de Césarée (265-340). Histoire ecclésiastique. Texte grec et traduction française par E. Grapin, Livres V-VIII, Paris 1911, Librairie Picard. Livre VI, chapitre 41, p 257-259.  cf Gallica
  • 2
    ApollineTrioulaire. Sainte Apolline, réalité du martyre et utopie de la légende, Thèse de chirurgie dentaire. Nancy, 2013. Sainte Apolline, patronne des dentistes et de ceux qui ont mal aux dents. L’Harmattan 2014, 167p.
  • 3
    Hippolyte Gancel. Les saints qui guérissent en Normandie. Ed. Ouest-France. 2020, 256p.

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