Jeanne d’Arc

L’ «  épopée » de Jeanne d’Arc (1412-1431) dans la lutte contre les anglais depuis le début 1429 jusqu’à sa capture par leurs alliés bourguignons en mai 1430, est bien connue. Vendue aux anglais en novembre, elle fut incarcérée à Rouen. Elle y fut condamnée par un tribunal d’Eglise à la solde de l’occupant et après un procès à charge périt dans les flammes le 30 mai 1431. Charles VII libéra Rouen en 1449 et le reste de la Normandie en 1450. Le pape Calixte III accepta la demande de révision du procès, laquelle fut menée sous la présidence de l’évêque de Reims Jean Juvénal des Ursins. Cent quinze personnes de toutes conditions furent auditionnées. Le jugement innocentant Jeanne d’Arc fut prononcé le 7 juillet 14561L’Historial Jeanne d’Arc dans les lieux historiques de l’Archevêché de Rouen montre des présentations vidéos à partir des pièces du procès de réhabilitation..

Il fallut attendre les XIX et XX ème siècles pour que la figure de Jeanne d’Arc soit remise en lumière avec de nombreux travaux historiques2Beaune Colette. Jeanne d’Arc, vérités et légendes. Perrin, 3 ème édition 2020, p.253. qui disposaient des manuscrits notamment ceux issus des deux procès et des chroniques de l’époque.

Jeanne d’Arc fut béatifiée en avril 1909 et sa canonisation fut prononcée le 16 mai 1920. Elle est devenue une figure mythique célébrée par les écrivains, poètes et cinéastes mais aussi une source d’instrumentalisation idéologique ou politique générant de multiples récits dont certains remettant en cause drastiquement le récit traditionnel3Dehayes T. La fabrique de Jeanne d’ Arc. Coll une autre histoire. Atlande.2021, 397p. .

La statue représente « Jeanne au sacre » 4Chaignet-Sortais B. L’église saint-Martin de Blosseville sur Mer. Blosseville Histoire Vivante, 2021. vêtue d’une armure recouverte d’une tunique brodée de fleurs de lys, maintenue par une ceinture rouge, son épée retenue au côté par un baudrier et étreignant son étendard. La chronique de Jean Chartier (1385-1464)5Chronique de Charles VII, roi de France, tome 1 par Jean Chartier (1385-1464), nouvelle édition par Vallet de Viriville, Paris, 1858, p 97/ 271. décrit ainsi son attitude pendant la scène du sacre de Charles VII à Reims le 17 juillet 1429 «  et y estoit ladite Jehanne la Pucelle, laquelle tenoit son estendart en sa main, et laquelle estoit cause dudit couronnement du roy… ». Cette statue est un des nombreux exemplaires produits en série à partir du modèle effectué en 1909 par le sculpteur André Vermare (1869-1949) pour la Jeanne d’Arc en marbre que l’on peut admirer en l’église St-Louis-des-Français à Rome.

Le blason de Jehanne et sa famille

Ecu sur le socle de la statue de Jeanne d’Arc

Ce blason royal lui a été attribué par Charles VII dans les jours suivants le sacre, le 2 juin 1429. L’anoblissement de Jeanne et de sa famille (parents et fratrie) fut décrété six mois plus tard, en décembre 1429, après qu’elle eut passé un mois en vain à faire le siège de La Charité-sur-Loire6Vallet de Viriville Auguste : Histoire de Charles VII roi de France et son époque, tome 2 (1429-1444), Paris, 1863, p 127-128 /462. . Les lettres royales sont datées de Méhun sur Yèvre7Texte restitué de deux diplômes de Charles VII relatifs à la Pucelle. Bibliothèque de l’école des Chartes, tome V, troisième série,1854, pp 271-279. Un extrait d’un traité de noblesse, rédigé vers 1450, évoque Dame Jehanne la Pucelle…. « pour ces vaillans fais d’armes, ledit roy le anobly et luy donna armes qu’elle porta en escu et fist porter par son poursuivant (jeune officier d’armes) nommé Fleur-de-Lys ; lesquelles armes estoient d’asur à deux fleurs de lys d’or et au milieu une espée d’argent ; la pointe en hault, emmanchiée de gheules, estoffée d’or ; ladite pointe passant parmy une couronne de même en chief; comme il appert en signifiant qu’à la pointe de l’espée elle avoit soustenu la couronne de France et esté cause de la remettre en son droit et premier chef… » (manuscrit 1969 de la bibliothèque impériale, folio 19.)8Vallet de Viriville, Auguste : Procès en condamnation de Jeanne d’Arc, traduit du latin. Paris 1867, note 3 p. 75-76/324 . Cet extrait est intéressant à plusieurs titres : (i) il propose une description qui est très proche de l’écu sur le socle de la statue de Blosseville, sauf l’absence de rouge (de gueule) au niveau du manche de l’épée ; (ii) il donne une explication simple de la symbolique, (iii) il cite un tiers (le jeune officier) portant son écu. Cette dernière précision est d’importance : ainsi, quand Jehanne fut interrogée spécifiquement le 10 mars 1431 afin de savoir « s’elle n’avait point escu et armes », elle répondit par la négative en ce qui la concernait, tout en décrivant bien les armes portées par ses frères : «Respond qu’elle n’en eust oncques point ; mais son roy donna à ses frères armes, c’est assavoir, ung escu d’asur, deux fleurs de liz d’or et une espée parmy… »(op.cit, p.86/324).

Jeanne d’Arc et la fanfare de Blosseville

Pour finir sur une note plus légère et récente…

Cet extrait de journal évoque le dimanche 4 septembre 1921 « fête Jeanne d’Arc ». L’ été précédent, en juillet 1920, la loi avait institué le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans comme « jour de la fête Jeanne d’Arc, jour du patriotisme national ». Il est vraisemblable que la première mise en application de cette date officielle fut décalée à Blosseville….Nous serions intéressés de savoir quelle raison avait amené la fanfare de Blosseville à se ranger sous la bannière de la sainte et à quelle date.

Références

  • 1
    L’Historial Jeanne d’Arc dans les lieux historiques de l’Archevêché de Rouen montre des présentations vidéos à partir des pièces du procès de réhabilitation.
  • 2
    Beaune Colette. Jeanne d’Arc, vérités et légendes. Perrin, 3 ème édition 2020, p.253.
  • 3
    Dehayes T. La fabrique de Jeanne d’ Arc. Coll une autre histoire. Atlande.2021, 397p.
  • 4
    Chaignet-Sortais B. L’église saint-Martin de Blosseville sur Mer. Blosseville Histoire Vivante, 2021.
  • 5
    Chronique de Charles VII, roi de France, tome 1 par Jean Chartier (1385-1464), nouvelle édition par Vallet de Viriville, Paris, 1858, p 97/ 271.
  • 6
    Vallet de Viriville Auguste : Histoire de Charles VII roi de France et son époque, tome 2 (1429-1444), Paris, 1863, p 127-128 /462.
  • 7
    Texte restitué de deux diplômes de Charles VII relatifs à la Pucelle. Bibliothèque de l’école des Chartes, tome V, troisième série,1854, pp 271-279.
  • 8
    Vallet de Viriville, Auguste : Procès en condamnation de Jeanne d’Arc, traduit du latin. Paris 1867, note 3 p. 75-76/324 .

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