Blosseville-sur-Mer vu par Camille Marchand

L’ouverture de la guinguette « Mémé Suzanne » est en préparation à Blosseville. L’une des propriétaires et animatrice de ce lieu, Madame Albane Ledan, est l’arrière-petite-fille du peintre Camille Marchand, bien connu à Veules les Roses. 

Nous remercions Madame Ledan et ses parents, Madame Nancy Ledan-Marchand et Monsieur Didier Ledan, de nous avoir généreusement communiqué de nombreux documents concernant Camille Marchand. Ils constituent l’essentiel des reproductions figurant dans cet article, sans que leur origine soit rappelée.

Nous remercions également Monsieur François Bourdet et Monsieur Alain Blosseville qui nous ont adressé des photos d’aquarelles en leur possession. Leur provenance est indiquée.

Camille Marchand – Eléments biographiques

Photo de Camille Marchand debout casquette sur la tête pipe à la main

Camille Marchand est né en juillet 1889 à Paris, dans le 9e arrondissement. Son père était employé et sa mère modiste. Camille Marchand suit une formation artistique, notamment auprès d’Adrien Bruneau1Adrien Bruneau (Laval 1874-Paris 1965), peintre, professeur de dessin et décoration – Cf. notice Wikipedia., et devient artiste peintre et décorateur pour le théâtre. Il réalise également des documents publicitaires.

En 1914, il se marie à Paris avec Marcelle Giraud, qui tiendra un magasin de chapeaux à Paris. Un fils, Maurice, naît en 1917.

Ses parents possédaient une villa à Veules, « Les Sources », près de l’abreuvoir, où la famille a fait de fréquents séjours. En 1942, Camille Marchand et sa femme s’y installent définitivement.

Couverture d'un programme des années 30 Les Fêtes romantiques
Couverture du programme des « Fêtes romantiques » de Veules en 1930

Cette même année, son fils Maurice épouse une jeune fille de Blosseville, Suzanne Thierry2C’est à elle que sa petite-fille, Albane Ledan, rend hommage en nommant « Mémé Suzanne » la guinguette qui ouvrira à Blosseville., fille de Maurice Thierry et Suzanne Paulmier.

Camille Marchand peint Veules et ses environs. Il décore également plusieurs villas

Il reste néanmoins en contact avec le monde du théâtre parisien et fait venir à Veules plusieurs acteurs et actrices de ses amis.

Il est un grand animateur de son village, où il organise de nombreuses fêtes. Il réalise affiches et brochures pour en assurer la promotion.

Il est à l’affût de tout élément historique ou anecdote locale, qu’il raconte et dessine, notamment pour le Courrier Cauchois dont il est le correspondant.

Il est décédé à Veules en 1970.

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Vers 1930, Camille Marchand avec sa femme Marcelle et son fils Maurice , costumés pour "Les Fêtes romantiques (voir programme)
Camille Marchand sa femme Marcelle et son fils Maurice costumés pour les « Fêtes romantiques » de Veules en 1930
(comme les personnages du programme ci-dessus)
Attablés, de gauche à droite Marcelle Marchand, Camille Marchand est leur belle-fille Suzanne Thierry
Camille Marchand entre sa femme Marcelle
et sa belle-fille Suzanne Thierry

Les peintures de Blosseville

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Camille Marchand aimait se promener à pied ou vélo pour peindre, à Veules et dans les villages environnants, dont Blosseville. Voici quelques-uns de ses dessins ou peintures. Promenons-nous avec lui.

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.Ci-dessous le plan de Blosseville figurant les différents lieux auxquels nous nous arrêterons.

Plans destinés à montrer les lieux peints par Camille marchand
Plan à grande échelle de la commune de Blosseville………….;;;;;;;;…………………………………. Plan du village de Blosseville
Les cercles rouges figurent les lieux que Camille Marchand a peints

Empruntons la route qui, de Veules, monte à Blosseville, entre les meules..

Reproduction d’une peinture de C. Marchand
« Sur la route de Blosseville » Repère 1 sur le plan

Route de Veules à Blosseville
Vue actuelle

Arrivés à Blosseville, tournons à gauche au carrefour, dans l’actuelle rue de la Forge..

Sur la droite, nous longeons deux granges en briques et grès formant le côté d’un clos-masure3Ces bâtiments datent de 1736 – voir article sur « les baux des laboureurs » pour leur usage au XVIIIe siècle.. Camille Marchand a peint celle la plus à l’est, vue de l’intérieur de la cour (illustration de gauche ci-dessous), quand il y avait encore une mare, comblée depuis (état actuel à droite).

Reproduction d’une peinture de C. Marchand
Repère 2 sur le plan
Grange le long de la rue de la Forge
Vue actuelle

De l’autre côté de la mare, Camille Marchand a également peint le logis principal.

Reproduction d’une peinture de C. Marchand
Maison d’habitation d’un clos-masure rue de la Forge Repère 3 sur le plan

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En poursuivant une centaine de mètres rue de la Forge, nous arrivons au carrefour du Calvaire. A gauche, part la route de la Chapelle du Val. Camille Marchand a peint cet embranchement, ainsi que la chaumière qui s’y trouvait et est aujourd’hui disparue. Le lieu est très reconnaissable sur une carte postale du début du XXe siècle.

Il semble qu’il y avait là alors une autre maison derrière celle du premier plan.

Reproduction d’une peinture de C. Marchand
Chaumière route de la Chapelle du Val Repère 4 sur le plan
Carte postale du début du XX ème siècle
Départ de la Route de la Chapelle du Val vue depuis le carrefour du Calvaire

Route de la Chapelle du Val vue depuis le carrefour du Calvaire
Vue actuelle

Camille Marchand a dû emprunter fréquemment la route de la Chapelle du Val. Est-ce là qu’il a vu cette chaumière devant ces arbres, dont nous n’avons pas d’indication qu’elle soit blossevillaise… mais qui pourrait fort bien l’être ?

Reproduction d’une carte peinte par C. Marchand

Au carrefour du Calvaire, à l’opposé de la route de la Chapelle du Val, la rue du Calvaire part plein sud. Elle a été représentée sur un tableau de Camille Marchand. La maison de gauche était le café tenu après la deuxième guerre mondiale par Maurice Hauduc. Un peu plus loin, la maison à droite avait été un ancien café fermé suite au décès de son propriétaire Maurice Ciroux dans les combats de la première guerre mondiale. Les lieux n’ont pas changé aujourd’hui, même si la destination des bâtiments n’est plus la même.

Aquarelle de Camille Marchand avec la Café Guerville et la maison Leddet
Reproduction d’un tableau de C. Marchand
aimablement fournie par M. François Bourdet –
Café Hauduc au premier plan et rue du Calvaire – Repère 5 sur le plan
Entrée de la rue du Calvaire vue depuis le carrefour du Calvaire
Vue actuelle

Empruntons la rue du Calvaire. Vers son extrémité sur la gauche, apparaît cette maison en bordure d’un corps de ferme. Camille Marchand l’a représentée depuis la cour avec la mare (toujours existante) au premier plan. On notera les nombreux volatiles dans la cour à cette époque.

Ferme ex Mignot Douville Blosseville peinte par Camille Marchand
Reproduction d’un tableau de C. Marchand aimablement fournie par M. Alain Blosseville
Maison de ferme du XVIIIe siècle et mare Repère 6 sur le plan

Rebroussons chemin et une fois revenus au carrefour du Calvaire, tournons à droite, dans la rue du Bout des Marettes. Autrefois, sur le terrain correspondant à l’actuel numéro 4 de la rue, il y avait cette chaumière, que Camille Marchand a peinte et qu’il connaissait bien. C’était en effet cette maison qu’habitaient Maurice et Suzanne Thierry, les beaux-parents de son fils Maurice Marchand.

Reproduction d’une peinture de C. Marchand
Chaumière où habitaient Maurice et Suzanne Thierry, beaux-parents de son fils.
Repère 7 sur le plan

Continuons sur la rue du Bout des Marettes. Après la dernière maison, longeons le poulailler et marchons encore près d’un kilomètre, jusqu’au croisement avec la route départementale D142. Camille Marchand a peint ce carrefour, la route en direction d’Iclon et une pièce de colza.

Tableau de Camille marchand représentant la route D142 à l'est de Blosseville
Reproduction d’un tableau de C. Marchand
aimablement communiqué par M. Alain Blosseville –
Pièce de colza proche de la route Veules-Iclon
Photo faisant le pendant avec un tableau de Camille Marchand
Photo du Carrefour de la D142 (Veules – Iclon) à l’automne 2025 Repère 8 sur le plan

Ici s’arrête notre déambulation dans le centre du village de BlossevillePour redescendre à Veules, beaucoup de chemins s’offrent à nous. Le plus simple assurément, de là où nous sommes, est de suivre la D142. Mais on peut revenir sur nos pas, retourner admirer le village, et prendre à droite une des cavées vers Veules. Et même aller jusqu’à la « route du Fond » tout à l’ouest du village. Est-ce celle-ci que Camille Marchand a représenté sur cette scène d’hiver ? Nous n’en avons aucune preuve mais il nous plaît de l’imaginer.

Reproduction d’une peinture de C. Marchand
Roulotte dans un paysage enneigé
A l’ouest de Blosseville
Route D69A allant vers Veules depuis le carrefour avec la D4
Photo prise en 2023 Repère 9 sur le plan

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Des évocations de Blosseville

En tant que correspondant du Courrier Cauchois

Longtemps correspondant du Courrier Cauchois, Camille Marchand a été amené à écrire sur Blosseville, son église, ses vitraux.

Il a croqué l’explorateur Jules de Blosseville, sans doute d’après son portrait officiel. Commandant le bateau « La Lilloise », Jules de Blosseville a disparu en mer à l’âge de 31 ans, au large de la côte Est du Groenland dont cette partie porte son nom. Contrairement au titre de l’article de Camille Marchand, qui traitait plus largement de la Vicomté, il n’a pas porté le titre de Vicomte de Blosseville4Jules de Blosseville (1802-1833) était un petit-fils du dernier Vicomte de Blosseville sous l’ancien régime – Bénigne Poret de Blosseville (1742-1828) – et le frère d’un autre Bénigne, « Marquis de Blosseville » (1799-1886), homme politique et de lettres..

Illustration d’un article pour le Courrier Cauchois par C. Marchand Jules de Blosseville et son bateau « La Lilloise »

Portrait gravé de Jules Poret de Blosseville

En tant que collectionneur

Par ailleurs, Camille Marchand était collectionneur non seulement de souvenirs et d’anecdotes mais aussi d’objets de toute sorte, notamment ceux témoignant de l’artisanat ou des coutumes locales. Il a fait don de certaines pièces à l’ancien Musée National des Arts et Traditions Populaires de Paris, aujourd’hui fermé et dont les collections ont été transférées au MUCEM5Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée de Marseille6Remerciements à Madame Hélène Canu qui nous a signalé ce dépôt fait par Camille Marchand..Les collections de ce musée abritent donc des objets fabriqués à Blosseville, un bouquet de moisson et …des pinces à linge7Trois types de pinces à linge venant de Blosseville figurent dans les collections: Une formée de 2 pièces unies par un rivet, une cylindrique d’un seul tenant, une carrée d’un seul tenant, dûment répertoriées.

Bouquet de moisson donné par C. Marchand au MNATP
Bouquet de moisson de Blosseville – l: 36cm, L 38,5cm – Epis de blé, paille et rubans.
Donné par Camille Marchand au Musée National des Arts et Traditions Populaires.
Pince à linge donnée par Camille Marchand
Pince à linge de Blosseville – l:2cm L: 10cm – d’un seul tenant en châtaignier taillé.
Donnée par Camille Marchand au Musée National des Arts et Traditions Populaires.

En tant qu’illustrateur

Une illustration de Camille Marchand se trouve dans le bureau du maire de Blosseville-sur-Mer depuis 1946. Elle orne un document commémoratif des combats de juin 40 et de la libération du village.

Document illustré par Camille Marchand, établi en souvenir de la commémoration le 7 juillet 1946 des combats de juin 1940 et de la libération du village. Il porte notamment les signatures des maires de trois villes d’Écosse, Inverness, Elgin et Aberdeen, et du maire de Blosseville, Louis Blosseville,

Nous serions bien entendu intéressés par toute information relative à d’autres tableaux, dessins et souvenirs de Camille Marchand à Blosseville. Merci d’avance à toute personne qui aurait une information à ce sujet.

Références

  • 1
    Adrien Bruneau (Laval 1874-Paris 1965), peintre, professeur de dessin et décoration – Cf. notice Wikipedia.
  • 2
    C’est à elle que sa petite-fille, Albane Ledan, rend hommage en nommant « Mémé Suzanne » la guinguette qui ouvrira à Blosseville.
  • 3
    Ces bâtiments datent de 1736 – voir article sur « les baux des laboureurs » pour leur usage au XVIIIe siècle.
  • 4
    Jules de Blosseville (1802-1833) était un petit-fils du dernier Vicomte de Blosseville sous l’ancien régime – Bénigne Poret de Blosseville (1742-1828) – et le frère d’un autre Bénigne, « Marquis de Blosseville » (1799-1886), homme politique et de lettres.
  • 5
    Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée
  • 6
    Remerciements à Madame Hélène Canu qui nous a signalé ce dépôt fait par Camille Marchand.
  • 7
    Trois types de pinces à linge venant de Blosseville figurent dans les collections: Une formée de 2 pièces unies par un rivet, une cylindrique d’un seul tenant, une carrée d’un seul tenant

Cet article a 4 commentaires

  1. Bérengère Deprez

    Bravo et merci pour ce premier tour d’horizon qui rend sensible toute une époque « premier vingtième siècle » et qui relie si bien l’hier à l’aujourd’hui… en attendant demain et la fameuse guinguette ! Nul doute que de nouveaux documents et tableaux vont ressurgir !

    1. Laurent LIOT

      Bonsoir Bérengère, Merci pour votre commentaire sur cet article et espérons que vous ayez raison concernant l’apparition de tableaux encore inconnus! Bien cordialement.

  2. Georges Nouvet

    L’idée de mettre en parallèle le tableau et son modèle est excellente .Content d’avoir , grace à vous , fait connaissance de cet homme simple et discret qui avait des vestes de costume trop larges et un talent certain .

    1. Laurent LIOT

      Bonjour, Merci pour avoir lu cet article et pour votre commentaire. C’est une chance pour nous, grâce à ces toiles gardées dans la région, d’avoir quelques vues de lieux aujourd’hui modifiés ou disparus. Par son côté curieux, Camille Marchand devait être dans l’esprit de Blosseville Histoire Vivante.
      Merci encore. Très cordialement.

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