La Croix Dyel Nord

Au nord de l’église, au milieu d’une allée enherbée, se dresse une croix, toute de grès, depuis le socle jusqu‘au sommet, posée sur un soubassement de deux marches. Elle est peu ornementée à l’exception de quelques motifs de corde aux extrémités de la croix et sous le groupe sculpté1.

Cimetière – Croix Dyel Nord – Vue d’ensemble

Le groupe sculpté

C’est tout d’abord le groupe de personnages figurés qui attire l’attention par sa diversité et sa symbolique. La sculpture est très simple voire grossière mais fait ressortir des détails très significatifs.

Sur la face orientée vers l’est, côté du levant, on trouve l’aube du Christ sur terre, représenté en enfant dans les bras de la Vierge Marie. 

Aux côtés de la Vierge :

  • à sa gauche, est Saint Pierre, reconnaissable à la grande clé qu’il tient et lui couvre largement le torse,
  • à sa droite se tient Saint Jean l’Évangéliste portant le calice qui lui est souvent attribué
Croix Dyel Nord – Groupe sculpté – Côté Est

Sur la face tournée vers l’ouest, au couchant, le Christ crucifié étend ses bras aux mains démesurées sur les montants de la croix ; sa tête est classiquement tournée vers sa droite. Le sculpteur a fait ressortir ses côtes saillantes et les clous des mains et des pieds.

Au-dessus, un panneau sculpté, de biais, porte la mention traditionnelle, INRI pour « Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum – Jésus de Nazareth Roi des Juifs »

Aux côtés du Christ :  

  •  à sa gauche, Saint André tient en ses mains la croix en X de son martyre
  • à sa droite, Saint Jacques est reconnaissable à son bâton de pèlerin

A noter que les initiales de ces deux saints (S.A, S.I) sont figurées sous leurs représentations, ce qui n’est pas (ou plus) le cas pour les deux saints côté Est.

Croix Dyel Nord – Groupe sculpté – Côté Ouest

Le socle

De forme octogonale, surmonté d’un léger renflement à son sommet, il n’attire vraiment l’attention que lorsque la lumière du soleil éclaire telle ou telle de ses faces.

Croix Dyel Nord – Socle – vu de l’ouest

Il est alors possible de distinguer très clairement, dans la bande du bas, des chiffres et des lettres en relief. Elles courent tout autour du socle, sur deux lignes, surmontées en un endroit seulement d’une troisième.

Croix Dyel Nord – Socle – 2 côtés vu du nord-ouest –
On lit : – Tout en haut CHARLOT…
– Au milieu : DIEL. ET SA FEM…
– En bas : EULX 1626

Le déchiffrement des 8 côtés de l’octogone permet de lire :

ANDRIEU DIEL ET SA FEMME CHARLOTTE LE GAI ONT DONNÉ….PRIES DIEU POUR EULX 1626

Certains caractères étant trop effacés, il n’est pas possible de lire ce qu’Andrieu Diel et sa femme ont donné mais il s’agit évidemment de cette croix.  Le nom de la femme, Charlotte Le Gai, a été ajouté au-dessus des deux lignes de texte.

Le prénom du donateur Andrieu (André) est à rapprocher de son saint patron, André, qui est représenté à côté de la croix.

Les registres d’état-civil nous indiquent que Charlotte Le Gai, décédée le 10 août 1637, était la première épouse d’André Diel2, ensuite remarié avec Marie le Nouvel. Il est mort à Blosseville le 9 mars 1647.

Les recherches historiques témoignent du rôle important joué par cet homme dans la vie blossevillaise au début du XVIIe siècle.

L’emplacement de cette croix

En raison de l’identité de son donateur et de la richesse de son ornementation, il y a de bonnes raisons de penser que cette croix était la croix Dyel mentionnée par l’abbé Cochet et qu’en 1871 il avait considéré disparue.

Il se pourrait que cette croix « hosannière », au pied de laquelle étaient dites les prières du jour des Rameaux (« Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur… »), ait donc été d’abord érigée route de Veules où elle fut le point de départ de processions jusqu’à l’église. 

Une « croix Dielle » est mentionnée dans le cadastre napoléonien de 1826 (cf. article Le chemin de la Croix Dielle). Son déplacement aurait été donc effectué postérieurement. Mais un doute peut subsister car une deuxième Croix Dyel existe…(cf article La Croix Dyel Sud)


  1. Selon Mr Gérard A. Furon, dans son Inventaire des Croix et Calvaires en grès de Haute-Normandie, les dimensions sont les suivantes: pour le socle, hauteur 80 cm et largeur à la base 77 cm – pour le fût hauteur 170 cm et diamètre 23 cm – pour la croix, hauteur 80 cm ↩︎
  2. Si l’inscription sur le socle fait figurer Diel, on trouve également ce patronyme sous la forme Dyel. L’orthographe Dielle, qui figurait sur le cadastre napoléonien, a été retenue par la municipalité de Blosseville en 2019 pour nommer un chemin du village à proximité.  ↩︎

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