Les « aveux » et « dénombrements » des vicomtes de Blosseville mentionnent sur plusieurs siècles le fief de Porquet de Houdetot situé à Blosseville, incitant à en savoir plus sur le personnage ayant laissé son nom à cette terre. Un mandement du roi Charles V daté de 1372 nous apprend à la fois ses services à la guerre et ses liens avec Blosseville. Il mourut en 1386 du châtiment de la claie pour avoir commis un crime contre un palefrenier.
Le fief Porquet de Houdetot
A titre d’exemple, on trouve qu’en 15031A. Beaucousin. Registre des fiefs et arrières fiefs du Baillage de Caux en 1503. Rouen, Lestringant, 1891, p 138/ 326. « le seigneur de St Maard (Jehan II ) tient une fiefferferme2La fiefferme était une terre ou un héritage concédé à perpétuité moyennant le paiement d’une rente fixe et invariable. nommée la fiefferme Porquet de Houdetot, assise à Blosseville et à l’environ, tenue du Roy ».
Au fil du temps, ce fief entier de 1557 n’était réduit qu’ à un huitième en 1736 (cf, ci-dessous)
Guy de Houdetot et sa famille
Cette dénomination se réfère à Guy de Houdetot dit Porquet. Les traités3Augustin Anselme de Sainte Marie. Histoire Généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume. Tome VIII, Paris 1783, chapitre septième des grands maitres arbalétiers, page 16 et 17/ 945. de la noblesse n’ évoque qu’un seul Guy Porquet de Houdetot. Les documents nous obligent cependant à considérer deux générations différentes.
En effet un premier Guy de Houdetot dit Porquet, servit sous Jean de Clermont, sire de Chantilly, maréchal de France, lieutenant du roi en Poitou, Saintonge et Angoumois : quittance de 30 livres à St Jean d’Angély du 16 juillet 1354.
Guy de Houdetot et le mandement de Charles V en 1372
Guy de Houdetot dit Porquet (1352-1386), est connu pour avoir été sous la garde-noble royale de Charles V (1338-1364-1380), ce qui suppose le décès de son père, lequel pourrait être le prénommé Guy précédent.
Le mandement4Mandements et actes divers de Charles V (1364-1380) recueillis dans les collections de la Bibliothèque Nationale. Leopold Delisle. Paris, 1874, n° 939 p. 489/ 1036. (ci-dessous) illustre que le roi avait décidé de réduire la durée5Adolphe Vuitry. Etudes sur le régime financier de la France, avant la révolution de 1789. Les trois premiers Valois. Garde-noble des biens de mineurs.Tome 2. Série 1. 1883, p 431-433. habituelle pendant laquelle les biens restaient sous son autorité, à savoir jusqu’à l’âge de la majorité « jusqu’à ce que son âge sera accompli ». Dans ce mandement, Charles V, jugeait que les bons services rendus par « notre aimé et fidèle » justifiaient de réduire cette durée d’un demi-an . Ainsi, pour une majorité fixée à 21 ans, la date de naissance de ce Guy peut être estimée vers 1352.
Vers 1380, Guy Porquet de Houdetot épousa Marie de la Bouteillère qui lui donna en 1384, une fille Jeanne de Houdetot.
Guy de Houdetot dit Porquet, le meurtrier
En 1386, pour avoir torturé à mort un palefrenier et brulé sa dépouille, ce Guy fut condamné au supplice de la claie. La prononciation d’une telle condamnation à mort contre un noble était alors fort rare et ce procès semble un des rares exemples d’une opposition entre la chambre criminelle du Parlement et le roi. Le roi Charles VI (1368-1380-1422) est intervenu « in extremis » pour empêcher qu’il fut conduit au gibet mais il mourut rapidement. Un article de Louis de Carbonnières6Louis de Carbonnières. Le parlement, le grand seigneur fort méchant homme et l’orpheline : l’affaire Houdetot dit Porquet. in Violences Souveraines au moyen âge. Ed F. Foronda, C. Barralis, B. Sère. PUF, le noeud gordien. 2010, pp 39-46 / 284. détaille cette affaire criminelle hors normes et ses suites.
Les suites du fief
La condamnation impliquait la confiscation des biens. La fille de Guy de Houdetot, Jeanne de Houdetot épousa en 1406 Lionel de Bracquemont, membre d’une famille influente à la cour : ils obtinrent du roi, 20 ans plus tard après la condamnation, la restitution de l’héritage paternel.
Quant à Marie de la Bouteillère, en 1424, elle restait « veuve de feu monsieur Porquet de Houdetot7ADSM, tabelionnage 2 E1/171, 27 Octobre 1424, vue 265/985. » …
Références
- 1A. Beaucousin. Registre des fiefs et arrières fiefs du Baillage de Caux en 1503. Rouen, Lestringant, 1891, p 138/ 326.
- 2La fiefferme était une terre ou un héritage concédé à perpétuité moyennant le paiement d’une rente fixe et invariable.
- 3Augustin Anselme de Sainte Marie. Histoire Généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume. Tome VIII, Paris 1783, chapitre septième des grands maitres arbalétiers, page 16 et 17/ 945.
- 4Mandements et actes divers de Charles V (1364-1380) recueillis dans les collections de la Bibliothèque Nationale. Leopold Delisle. Paris, 1874, n° 939 p. 489/ 1036.
- 5Adolphe Vuitry. Etudes sur le régime financier de la France, avant la révolution de 1789. Les trois premiers Valois. Garde-noble des biens de mineurs.Tome 2. Série 1. 1883, p 431-433.
- 6Louis de Carbonnières. Le parlement, le grand seigneur fort méchant homme et l’orpheline : l’affaire Houdetot dit Porquet. in Violences Souveraines au moyen âge. Ed F. Foronda, C. Barralis, B. Sère. PUF, le noeud gordien. 2010, pp 39-46 / 284.
- 7ADSM, tabelionnage 2 E1/171, 27 Octobre 1424, vue 265/985.